Découvrez une série de portraits vidéo représentatifs de la variété des métiers existant dans le domaine de l’eau. Sous forme d’entretiens, ces chercheurs, ingénieurs ou techniciens présentent leurs activités, sur le terrain, au bureau ou encore en laboratoire.
Delphine Allier, hydrogéologue du BRGM
Transcription
Après un bac S et une prépa scientifique, j'ai fait ma formation dans une école d'ingénieurs, l'ENTPE, l'Ecole nationale des travaux publics de l'État. Je me suis spécialisée ensuite dans l'environnement. Je voulais travailler dans l'environnement pour interagir aussi avec mon environnement. Et par conviction. C'est le domaine de l'eau qui m'a le plus attirée.
Dans un 1er temps, je m'occupe de la cartographie de cette ressource, sachant que c'est une ressource invisible, donc assez difficile à cartographier. Il s'agit de comprendre comment elle interagit avec l'Homme, S'il y a des relations entre les eaux souterraines et les eaux de surface. Comment, quand on extraie de l'eau pour l'agriculture ou pour l'eau potable, on va agir sur cette eau souterraine. Si elle sera en quantité suffisante pour satisfaire tous ces besoins. Et puis, la qualité de celle-ci. On veille à ce qu'il y ait une bonne qualité. On essaye de voir si elle est protégée des pollutions de surface.
On connaît très peu les aquifères et les nappes en France et dans le monde. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir. Les métiers de la recherche sont déjà valorisants. On est garants, en quelque sorte, d'une science. Et puis, on la transmet. On fait beaucoup de conférences, on participe à des formations. On a l'impression de contribuer à la gestion des ressources. C'est aussi valorisant parce que ça reste assez concret.
Un des avantages de la recherche scientifique, c'est qu'on est libre. On peut organiser son temps en fonction de ses projets. Et puis, ça peut être très varié. On peut faire du travail de bureau avec beaucoup de cartographie ou de la modélisation avec des outils informatiques. On peut aussi participer à des projets internationaux, se déplacer, aller sur le terrain. Ou aussi travailler avec des personnes au laboratoire, des techniciens. Il y a cette diversité de choix qui s'offre à nous.
On est aussi force de propositions dans le montage des projets. S'il y a quelque chose qui nous tient à cœur ou des partenariats qui marchent bien sur des projets, on peut décider de monter des projets avec des équipes avec qui on s'entend bien. Ça laisse une grande liberté dans le choix de ses projets et dans le déroulement de son travail au quotidien.
Métiers de l’eau : ingénieur hydrogéologue
Transcription
Auprès de ma famille, de mes parents, je me présente en tant qu'ingénieur hydrogéologue, dans un 1er temps. Puis, après, je précise en leur disant que je travaille dans la gestion de l'eau, que j'étudie la circulation, le comportement des eaux souterraines en vue d'en améliorer la gestion et leur préservation.
Ma mission principale est d'étudier le fonctionnement d'aquifères particuliers. Ce sont les aquifères karstiques, notamment les aquifères karstiques en Dordogne. Et j'ai aussi une 2nde mission, qui est d'étudier le fonctionnement de la nappe du Plio-Quaternaire. Pour cela, on met en place des outils spécifiques, qui sont de la modélisation hydrodynamique. On va simuler, à l'aide d'outils informatiques, le comportement de ces nappes superficielles avec les nappes plus profondes ou avec les rivières.
On a besoin de faire une multitude de mesures piézométriques sur le terrain pour évaluer le niveau de ces eaux. Pour étudier les aquifères karstiques, nous faisons toute une série de mesures, notamment d'orientation et de fracturation, puisque les écoulements des eaux souterraines vont se faire le long de ces fracturations particulières.
On va également faire des mesures en souterrain, notamment par le biais des carrières souterraines, qui nous permettent d'avoir une visualisation 3D de nos fracturations et de nos conduits karstiques. Pour cela, on utilise beaucoup les mesures physico-chimiques. Ça nous permet d'étudier la température, la conductivité, le pH d'une eau. Et on peut essayer de rechercher des éléments plus particuliers, comme les nitrates, pour nous permettre d'identifier une pollution éventuelle vis-à-vis de l'homme.
Une journée dans ma peau, c'est, tout d'abord, beaucoup de bureau, puisqu'on a très peu de missions de terrain, qui sont déléguées aux techniciens. On a des techniciens propres pour travailler sur le terrain. Nous, on travaille à l'interprétation, à mettre en place des outils qui vont nous permettre d'analyser le fonctionnement des eaux souterraines, leur origine.
Pourquoi j'ai choisi ce métier ? Parce qu'il était directement en lien avec l'environnement et, plus précisément, avec la préservation de l'eau, qui est un bien vital pour tous et aussi un enjeu fort dans le développement économique d'une région, d'une nation. Je voulais être partie intégrante de ce pouvoir de décision.
Les qualités demandées pour ce travail sont, tout d'abord, de l'autonomie, le fait de travailler en équipe, avoir des compétences en termes de management et, aussi, avoir de bonnes qualités rédactionnelles.
Les conseils que je pourrais donner à un jeune, c'est de ne pas négliger les aspects terrain. Même si on fait beaucoup de bureau, on est obligé de se confronter à la réalité d'un site, d'un contexte spécifique régional et, aussi, d'aller à la rencontre des professionnels afin de développer son réseau de connaissances.
Pourquoi c'est un métier d'avenir ? Actuellement, dans un contexte où se pose la question du changement climatique, on est amenés, de plus en plus, à se poser la question de la disponibilité de la ressource aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs.
Si j'étais une goutte d'eau, je serais dans une nappe profonde.