Réussir la transition énergétique, indispensable à l’atténuation du changement climatique, implique de développer des technologies décarbonées très utilisatrices de ressources minérales, notamment des métaux comme le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre ou encore les terres rares, qui sont utilisés dans les dispositifs de stockage d’énergie dans le cadre de la mobilité électrique, ou encore pour les éoliennes et les panneaux solaires. À ces besoins s’ajoutent ceux liés à la transition numérique.
Même si les premières actions à mettre en œuvre pour maîtriser nos usages des ressources minérales sont d’une part des efforts de sobriété, et d’autre part le développement de filières de recyclage, ces deux axes ne suffiront pas à couvrir l’ensemble de nos besoins. Il sera donc nécessaire d’extraire de nouvelles ressources du sous-sol.
Pour répondre aux enjeux liés à leur approvisionnement en ressources minérales, face à l'accroissement de leur dépendance envers certains pays tiers, en particulier pour les métaux critiques essentiels à la transition énergétique, la France et l'Europe se trouvent confrontées à un défi majeur.
Sécuriser les approvisionnements en ressources minérales stratégiques
Dans le contexte de l’entrée en vigueur en mai 2024 de la directive sur les métaux critiques CRM Act, et en cohérence avec les impulsions politiques lancées en France à la suite du « rapport Varin » sur la sécurisation des approvisionnements en matières premières minérales remis au Gouvernement en 2022, le président de la République a annoncé en septembre 2023, lors du Conseil de planification écologique, la mise à jour de l'Inventaire des Ressources Minérales (IRM) du sous-sol français.
Cette initiative vise à identifier dans le sous-sol des zones susceptibles de contenir des ressources minérales d’intérêt dans le but de réduire notre dépendance vis-à-vis des importations. A moyen terme, cette mise à jour est conçue pour améliorer la sécurité et la souveraineté de la nation en matière d’approvisionnement en ressources minérales tout en promouvant une utilisation plus efficace et durable de ces ressources, contribuant ainsi à renforcer la résilience de notre économie tout en soutenant sa réindustrialisation.
Confié au BRGM qui en est le porteur principal, cet inventaire du potentiel en ressources minérales permettra de caractériser les ressources présentes dans notre sous-sol. Lancé le 13 février 2025 par le ministre délégué à l’Industrie et l’Energie, ce projet d'une durée initiale de cinq ans est financé à hauteur de 53 M€ HT dans le cadre de France 2030 par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) via l’ANR (Agence nationale de la Recherche).
Pourquoi un inventaire des ressources minérales ? Comment s’organise-t-il ? Quels sont les acteurs impliqués ? Quelles régions sont concernées et quelles techniques y seront déployées ? Va-t-on rouvrir des mines en France ? Pour trouver des réponses à ces questions et bien d’autres, lisez notre FAQ.
Plaquettes de présentation de l'IRM

L’inventaire des ressources minérales : périmètre et enjeux
L’inventaire des ressources minérales, qu’est-ce que c’est ?
Dans le contexte de l’entrée en vigueur en mai 2024 de la directive sur les métaux critiques (CRM Act), et en cohérence avec les impulsions politiques lancées en France à la suite du « rapport Varin » sur la sécurisation des approvisionnements en matières premières minérales remis au Gouvernement en 2022, le président de la République a annoncé en septembre 2023, lors du Conseil de planification écologique, la mise à jour de l'Inventaire des Ressources Minérales (IRM) du sous-sol français.
Identifier les secteurs les plus favorables à la présence de ressources minérales
Cette initiative vise à identifier dans le sous-sol des zones susceptibles d’abriter des ressources minérales d’intérêt. Elle constitue la première étape, dite d’exploration stratégique, d’une démarche visant à susciter, à terme, l'émergence de projets miniers viables, responsables et répondant aux attentes des différentes parties prenantes.
La démarche consiste à collecter et croiser différentes données (géologiques, géophysiques et géochimiques) afin d’identifier de nouvelles cibles minérales, en utilisant des technologies innovantes telles que la géophysique multi-méthodes et l’intelligence artificielle.
Ce travail a été confié par l’État au BRGM qui en est le porteur principal. Les objectifs et les contours du projet ont été élaborés en étroite collaboration avec les pouvoirs publics.
Des chantiers territoriaux
Cinq chantiers territoriaux ont été identifiés et seront couverts par des campagnes d’acquisitions de données. L’interprétation des résultats permettra d’identifier les zones les plus favorables à la présence de gisements profonds.
Le projet, lancé en 2025 pour une durée initiale de 5 ans, correspond à un montant total de 53 millions d’euros HT et sera financé dans le cadre de France 2030 par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) via l’ANR (Agence nationale de la recherche). Pour le réaliser, le BRGM s'appuiera largement sur une filiale dédiée, BRGM Explore, ainsi que sur des sous-traitants spécialisés et des partenariats scientifiques.
Pourquoi une actualisation de l’inventaire des ressources minérales du sous-sol français est-elle nécessaire ?
L’Inventaire des ressources minérales lancé en 2025 correspond pour partie à la mise à jour de l’inventaire de référence, réalisé entre 1970 et 1995 par le BRGM en France hexagonale et en Guyane.

Potentiel minier en métaux de base en France hexagonale. L’inventaire des ressources minérales l’actualisera et le complétera.
© BRGM
Cet inventaire est aujourd’hui obsolète, pour plusieurs raisons.
1. L'existence de zones non étudiées
Plus de 30% des « Zones potentielles de découverte » n’ont pas été étudiées lors du précédent exercice, du fait de l'existence à l'époque de permis exclusifs de recherche (PER) détenus par des opérateurs privés sur ces zones.
2. L'évolution des techniques d'exploration et des analyses associées
Les techniques d'exploration minérales ont considérablement évolué ces dernières années, profitant des avancées technologiques majeures qui ont vu le jour depuis les années 1980 :
- L’inventaire précédent était ainsi dépourvu de levés géophysiques à grande échelle, technologies permettant notamment de mieux connaître la nature et la géométrie 3D des structures et hétérogénéités du sous-sol, et surtout de sonder le sous-sol sur une plus grande profondeur (supérieure à 1 km) là où l’inventaire précédent est resté proche de la surface (en-dessous de 200m).
- Les techniques analytiques en géochimie ont grandement progressé. Ainsi, les informations collectées lors du premier inventaire s’avèrent souvent très hétérogènes d’un secteur à l’autre, rendant difficile l’harmonisation des données à l’échelle de la France hexagonale. De plus les progrès technologiques ont contribué à abaisser de manière très significative les seuils de détection des éléments.
Les différentes méthodes de travail (géochimie, géophysique, géologie) devront permettre d’identifier des gisements « cachés sous couverture » (et donc non détectables en surface) et jamais identifiés dans le passé, ou des extensions, en profondeur, de gisements historiquement identifiés. Le futur inventaire viendra améliorer et compléter nos connaissances.
3. Un panel de substances minérales restreint, excluant des matières premières aujourd’hui considérées comme stratégiques
Enfin, l’inventaire précédent était focalisé sur certaines substances (22 au total) qui correspondaient aux priorités de l’époque. De nombreuses autres substances minérales, considérées aujourd’hui comme critiques et stratégiques, n’ont pas été systématiquement recherchées, ni analysées (lithium, tantale, césium, gallium, germanium, hafnium…) ou avec des limites de détection bien trop élevées pour permettre l’identification d’anomalies géochimiques. Une cinquantaine de substances seront analysées dans le cadre de ce nouvel inventaire.
Quels sont les enjeux de cet inventaire ?
L’objectif de l’actualisation de l’inventaire des ressources minérales est de soutenir la sécurisation des approvisionnements en ressources minérales de la France et de l’Europe, dans un contexte où ces matières premières vont devenir de plus en plus nécessaires et stratégiques, notamment pour mener la transition énergétique. En effet, le passage à des énergies décarbonées suppose une utilisation importante de différents métaux.
S’ajoute à cela la transition numérique qui contribue également à accroître la demande en ressources minérales.
Pour satisfaire nos besoins en métaux critiques et stratégiques, l’Europe et la France peuvent s’appuyer sur trois piliers :
- En priorité, réfléchir aux usages et mettre en place des mesures de sobriété et d’écoconception (économie de matière) de manière à maîtriser nos besoins en matières premières.
- Développer des filières de recyclage afin d’aller chercher dans des objets en fin de vie, ou encore dans des déchets industriels une partie des matières dont nous avons besoin. Cela suppose de déployer une industrie du recyclage, mais également de travailler sur les modèles économiques et d’organiser la mise en place de ces filières.
- Ces deux premiers piliers ne suffisant pas à faire face aux enjeux, déployer de nouvelles activités minières responsables, que ce soit en France, en Europe ou à l'international, apparaît nécessaire.
À l’heure actuelle, l’approvisionnement de l’Europe, et en particulier de la France, est très souvent réalisé via des importations, parfois auprès d’un très petit nombre de pays, avec des enjeux de souveraineté majeurs.
Or la France, comme d’autres pays européens, dispose dans son sous-sol d’un potentiel conséquent en ressources minérales.
Un projet qui s’inscrit dans la suite du plan d’actions annoncé par l’État en 2022
La mise à jour de l’inventaire des ressources minérales a été annoncée par le président de la République en septembre 2023.
Cette initiative s’inscrit dans la suite des actions impulsées par l’État à la suite du rapport Varin sur la sécurisation des approvisionnements en matières premières minérales, remis au Gouvernement français en janvier 2022. C’est notamment à la suite de ce rapport qu’ont été créés la Délégation interministérielle aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques (DIAMMS), en charge de coordonner les actions de l’État sur les enjeux d’approvisionnement, et l’Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (OFREMI), piloté par le BRGM.
L’objectif de ces actions est de sécuriser l’approvisionnement en métaux stratégiques de la France, et ainsi soutenir la transition énergétique et la réindustrialisation.
La stratégie européenne sur l’approvisionnement en matières premières minérales
Cet inventaire s’inscrit également dans le contexte de la stratégie européenne sur les ressources minérales, mise en œuvre pour faire face à la dépendance croissante des chaînes d'approvisionnement de l’UE en métaux critiques vis-à-vis de certains pays tiers.
Mise en évidence par la crise Covid puis par les conséquences géopolitiques de la guerre en Ukraine, cette dépendance a poussé l’Europe à se doter d’une stratégie visant à garantir un approvisionnement durable et sécurisé de ces matériaux. Elle s’est concrétisée par l’entrée en vigueur en mai 2024 de la directive sur les métaux critiques aussi appelée « Critical Raw Materials Act ».
Le CRM Act fixe un ensemble de mesures visant à :
- diversifier les sources d’approvisionnement de l’Union Européenne (ne pas dépendre à plus de 65% d'un seul pays en 2030),
- promouvoir l'exploration et l'exploitation minières durables en Europe (extraire au moins 10% des ressources du sous-sol européen en 2030),
- renforcer nos capacités de raffinage (raffiner au moins 40% de notre consommation annuelle).
- mettre en place une économie circulaire pour favoriser le recyclage des matériaux (utiliser au moins 25% de matières provenant du recyclage en 2030).
Ce règlement prévoit :
- d'identifier, qualifier et quantifier les ressources minérales stratégiques par pays membre,
- que chaque pays membre dont le sous-sol abrite des ressources minérales se dote d'un programme national d'exploration mis à jour tous les 5 ans,
- d'établir des filières d'exploitation à l'échelle européenne.
L’objectif est de réduire la dépendance de l'Europe vis-à-vis des importations de matières premières et secondaires, garantissant de ce fait la sécurité et la souveraineté en matière d'approvisionnement, tout en encourageant une utilisation plus efficace et durable des ressources minérales, ce qui contribuera à renforcer la résilience des économies européennes.
Sur quoi doit déboucher cet inventaire ? Va-t-on rouvrir des mines en France ? Si oui, à quelle échéance ?
L’inventaire des ressources minérales réalisé par le BRGM répond en premier lieu à un enjeu de connaissance géologique du territoire français et de ses ressources. Il se situe en amont du processus d’exploration minérale, dont l’exploration stratégique constitue la toute première étape. Celle-ci relève du domaine des États, qui ont pour mission de recueillir et de diffuser les données géologiques disponibles sur leur sous-sol (à une échelle régionale). Le BRGM, en tant que service géologique national, porte cette mission de connaissance du sous-sol français pour le compte de l’Etat.
En aval de cette étape d’exploration stratégique, ce sont d’autres acteurs qui sont susceptibles de prendre le relais. Selon les résultats obtenus lors de l’inventaire, des entreprises de type « junior mining company » pourront investiguer certaines anomalies d'intérêt (à une échelle locale), pour mieux comprendre la nature de leur potentiel géologique, en vue développer des projets miniers susceptibles d'intéresser des entreprises minières capables de se charger de l’exploitation des gisements.
Comme le montre le schéma ci-dessous, du démarrage de l’étape d’exploration stratégique à l’ouverture éventuelle d’une mine, il peut s’écouler jusqu’à 15 ans, voire un peu plus.

Déroulement et étapes clés d’un projet d'exploration minérale. L’inventaire des ressources minérales se situe en amont du processus (zone encadrée en rouge).
© BRGM

Phases d’un projet d'exploration minérale. L’inventaire des ressources minérales se situe en amont du processus (zone encadrée en rouge).
© BRGM
Vous parlez de projets miniers responsables, qu’entendez-vous par là ?
Les transitions énergétique et numérique entraînent une augmentation de la demande en ressources minérales. Les efforts de sobriété, d'écoconception et de recyclage ne suffiront pas pour répondre aux besoins croissants. Une activité extractive primaire demeurera nécessaire.
Pour en réduire les impacts externes négatifs, de très nombreuses initiatives ont été recensées à l’échelle mondiale visant à réduire ces impacts et les certifier, comportant différents types d’instruments : documents cadres de politique publique, lois et réglementations, standards et guides de bonne pratiques, initiatives volontaires sur les chaînes de la valeur.
Toutes ces initiatives sont des éléments constitutifs du concept de mine responsable. Elles visent :
- à renforcer la prise en compte des impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance associés à l’industrie extractive,
- à intégrer la contribution de cette activité aux objectifs de développement durable.
Elles ont toutes pour objectif d’accompagner une gestion raisonnée des ressources minérales et s’appuient sur des principes communs, comme l’engagement des parties prenantes, le dialogue, le respect des droits de l’homme, des conditions d’emploi décentes, l’atténuation des impacts sur le climat, sur l’eau, les sols, l’air, la biodiversité, la réduction des intrants chimiques et des déchets, la monétisation des externalités, l’intégrité commerciale et la transparence.
La création d’un référentiel de mine responsable fait débat, notamment sous l’impulsion de l’Europe, et juxtapose des interrogations scientifiques et techniques avec des enjeux politiques et sociétaux. Le BRGM y contribue notamment par de nombreux travaux sur l’efficacité des procédés et sur le monitoring environnemental, ainsi qu’en accompagnant des réflexions plus globales sur la standardisation et la prise en compte des enjeux sociaux et de gouvernance.
Le concept de « mine responsable » vise à gérer et limiter les impacts négatifs de l’extraction minière, aussi bien sur l’environnement que sur les personnes.
Les principales interfaces d’un projet minier avec les parties prenantes, notamment locales, peuvent être regroupées sous trois grandes catégories :
- Les impacts environnementaux
- Les impacts socio-économiques
- La gouvernance
Principes environnementaux : concevoir des mines avec un faible impact environnemental
Contrairement à d’autres pays européens, la France a largement abandonné l’extraction minière sur son sol, entre les années 1990 et le milieu des années 2000.
Depuis, les technologies minières (de l’extraction aux traitements des minerais) ont évolué. Elles permettent désormais l’ouverture de mines plus respectueuses de l’environnement. Des efforts d’optimisation des performances environnementales ont été réalisés notamment sur :
- les gains d’énergie sur les premières étapes et la réduction de l’empreinte carbone,
- l’optimisation des circuits d’eau de procédé et une meilleure gestion globale des enjeux sur l’eau (au niveau des prélèvements et des rejets), pouvant aller jusqu’au recyclage de l’eau utilisée,
- la minimisation et la valorisation des déchets miniers,
- la minimisation des intrants chimiques et leurs éventuels traitements,
- une meilleure intégration et anticipation dans les projets des phases post-minières.
Principes sociaux : respecter les droits des travailleurs et des populations
Les questions sociales associées à la mine sont extrêmement variées et doivent s’envisager notamment à long terme (au-delà de la fermeture d’une mine).
Un projet de mine responsable se doit :
- de respecter les droits des travailleur en terme de code du travail et de santé et sécurité,
- de respecter les droits des populations locales et l’amélioration ou le maintien des conditions de vie,
- de favoriser l’emploi, l’accès à l’éducation et le développement régional.
Principes de gouvernance : co-construire les projets avec les acteurs locaux
Un projet de mine responsable doit conduire les populations locales à bénéficier de cette activité économique.
Cela implique un travail sur la gouvernance et la transparence des projets, et la mise en place d’un dialogue constructif et actif avec les différentes parties prenantes, notamment issues de la société civile, visant à une co-construction des projets avec les acteurs locaux.

L’organisation de l’inventaire des ressources minérales
Quels sont les acteurs impliqués dans cet inventaire ?
Le BRGM a mené un travail de préfiguration de l'inventaire des ressources minérales en collaboration avec les administrations centrales pertinentes :
- la délégation interministérielle aux Approvisionnements en Minerais et Métaux Stratégiques (DIAMMS),
- le ministère en charge de l'Industrie et de l'Energie
- le ministère de la Transition écologique,
- le Secrétariat général pour l'investissement (SGPI).
Le programme technique de l’IRM a été arbitré en se basant sur des critères pluridisciplinaires intégrant à la fois les priorités scientifiques et celles des politiques publiques. Il en résulte un programme visant à maximiser l'identification des gisements d'intérêt tout en assurant la cohérence avec les politiques territoriales.
L’IRM est financé par l’État via le programme France 2030 géré par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) qui confie la gestion des fonds à l’ANR (agence nationale de la recherche) en tant qu’opérateur de financement.
Quel est le rôle du BRGM ?
Le BRGM est mandaté par l’État pour porter et coordonner ce programme.
Il s’appuiera, pour réaliser ces travaux, sur divers sous-traitants dont, en particulier, une filiale nommée BRGM Explore qui sera chargée de la mise en œuvre opérationnelle du programme technique, le BRGM en assurant pour sa part le pilotage administratif, financier et scientifique (innovation, interprétation, diffusion).
Pour assurer la mise en œuvre opérationnelle, la filiale pourra s’appuyer sur des sous-traitants spécialisés, en particulier pour ce qui concerne la réalisation des vols aéroportés, la collecte des échantillons de sédiments et leurs analyses multi-élémentaires en laboratoires.
Pourquoi le BRGM a-t-il été choisi pour piloter cet inventaire ?
Le BRGM, service géologique national, était chargé du précédent inventaire (France hexagonale et Guyane) et dispose de l’ensemble des données historiques correspondantes.
Par ailleurs, il déploie ce type de campagnes et d’analyses associées depuis de nombreuses années dans différents pays, notamment africains, afin de leur permettre de disposer d’une meilleure connaissance de leur sous-sol en général et plus spécifiquement de ses ressources.
Le BRGM dispose donc de la légitimité et de l'ensemble des compétences pour animer et coordonner un programme de cette ampleur. Il développera à travers cet inventaire la connaissance géologique du territoire français, avec des applications potentielles multiples et non limitées au domaine des ressources minérales.
Comment est financé ce projet ?
L’inventaire de ressources minérales est financé par l’État via le programme d’investissements d’avenir France 2030 à hauteur de 53 millions d’euros HT.

Le déroulement de l’inventaire des ressources minérales
Quelles sont les régions couvertes par cet inventaire ?
Dans le cadre de cette actualisation de l’inventaire des ressources minérales, cinq zones géographiques, jugées prioritaires car affichant de forts potentiels de découvertes, ont été ciblées :
- l'ouest du Massif central,
- la zone Morvan-Brévenne,
- les Vosges,
- l’Occitanie-Cévennes,
- le Sillon Nord de la Guyane.
Le périmètre de l’inventaire a été défini pour tenir compte à la fois des caractéristiques géologiques des régions ciblées, du cadre budgétaires et des contraintes opérationnelles du projet. Cette première phase pourra néanmoins être suivie d’investigations complémentaires sur d’autres secteurs.
Dans l'Hexagone, sur la base des connaissances actuelles, les zones identifiées comme prioritaires abritent :
- des ressources minérales connues mais dont les contours et extensions en profondeur restent méconnus,
- un potentiel de découverte pour des métaux critiques et stratégiques.
Les zones d’études comprennent très majoritairement des zones de socle regroupant à la fois des massifs cristallins magmatiques (ex. : Massif central) mais également sédimentaires (ex. : Pyrénées) afin de favoriser une diversité des substances métalliques à découvrir.
Ainsi, les terrains d’affinité magmatique, tels que le Nord du Massif central et les Vosges offrent notamment des opportunités pour la découverte de lithium, tant sous forme de roche dure que géothermal. Le Morvan-Brévenne est pour sa part reconnu pour son potentiel en fluorine, antimoine, uranium et gisements polymétalliques de type cuprifère dans le Beaujolais-Monts du Lyonnais.
En complément, les zones de socles d’affinité sédimentaires telles que les Pyrénées Orientales et la Montagne Noire sont connues pour leurs minéralisations en tungstène mais possèdent un fort potentiel en germanium. En remontant vers le Morvan, les Cévennes présentent également un fort potentiel en gisements polymétalliques, en particulier à plomb-zinc avec des minéralisations connexes en antimoine et étain, voire en cuivre.
Dans un autre contexte, en Guyane, la partie nord du territoire se compose de bassins géologiques renfermant des roches extrêmement anciennes, bordées par des accidents structuraux majeurs. Cette région est associée à diverses minéralisations, incluant or, cuivre, plomb, zinc, lithium, niobium et tantale. La géologie de cette zone, marquée par la nature des roches, leur ancienneté et la succession d'événements géologiques au fil du temps, offre un potentiel exceptionnel en matière de découvertes de métaux critiques.

Répartition des 5 zones géographiques ciblées par l’inventaire des ressources minérales (IRM).
© BRGM
Quelles sont les substances étudiées ?
L’inventaire minier réalisé dans les années 1970-1990 était limité à un nombre restreint de substances (22). L’un des objectifs de ce nouvel inventaire est d’élargir l’analyse à des substances non recherchées il y a 50 ans, mais qui sont aujourd’hui considérées comme des matières premières critiques, parce qu’elles contribuent au déploiement de la transition énergétique (lithium, germanium, gallium, terres rares…), de la transition numérique (bore, cobalt, germanium, silicium, manganèse, graphite, indium…), ou encore parce qu’elles sont associées à des secteurs industriels stratégiques. Cette liste comprend aujourd’hui 55 substances d’intérêt.
Parmi elles, certaines substances sont disponibles de manière sûre sur le territoire de la France hexagonale : tungstène, antimoine, lithium, baryum, fluor, uranium, cuivre, germanium, étain, niobium, tantale, beryllium, argent, aluminium…

Matrice de criticité des substances minérales.
© BRGM
Quels types de gisements sont recherchés ?
Les travaux de l’inventaire des ressources minérales visent principalement à rechercher :
- des gisements « cachés sous couverture » (et donc non détectables en surface) et jamais identifiés dans le passé,
- ou des extensions, en profondeur, de gisements déjà identifiés en surface.
Quelles méthodes et techniques sont utilisées pour réaliser l’inventaire des ressources minérales ?
Pour chaque chantier territorial, plusieurs phases de travail se succèderont.
1. Phase de préparation et de documentation
Dans le cadre de cette phase bibliographique, l’objectif est de recueillir des données géologiques au sens large, c’est-à-dire toutes les données pertinentes à la compréhension du sous-sol (données géophysiques, géochimiques, métallogéniques, etc.) en utilisant les données disponibles tant au BRGM qu’auprès de tiers (en particulier les entreprises ayant conduit dans le passé de la prospection en France).
Cette étape permettra de mettre en évidence la nature des formations géologiques, en identifiant notamment les conditions favorables à la formation de gisements, telles que la présence de failles propices à la circulation de fluides hydrothermaux ou les indices de minéralisation connus.
Ces analyses n’exigent pas de campagnes systématiques de levés géologiques mais peuvent néanmoins requérir des démarches de vérifications et d’investigation sur le terrain. Elles permettront d’optimiser le dimensionnement des campagnes d’acquisition des données.
2. Campagne géophysique
Le deuxième type de données relève de campagnes d’acquisition géophysique. Celles-ci peuvent prendre plusieurs formes :
- Des levés de géophysique aéroportée (réalisés à l’aide d’instruments géophysiques embarqués à bord d’un avion ou suspendus sous un hélicoptère) permettant de couvrir de manière systématique de vastes zones en un temps limité. Ces campagnes peuvent s’appuyer sur différentes technologies :
- des levés magnétiques/spectrométriques couvrant généralement l'intégralité des zones couvertes et permettant des profondeurs d’investigation importantes (1000 m et plus) ;
- des levés électromagnétiques, plus coûteux, précis jusqu’à une profondeur de 500 m, qui ne sont déployés que sur des zones jugées prioritaires en termes de potentiel de découverte.
- Des levés gravimétriques qui, suivant les contextes, peuvent être menés au sol ou par voie aéroportée, et qui permettent d’identifier des différences de densité entre différents corps géologiques.
- Suivant les contextes et les zones d’intérêt, des campagnes géophysiques au sol peuvent être envisagées en complément, pour acquérir des données électromagnétiques et/ou sismiques. Ces techniques ne peuvent être déployées que sur des secteurs géographiquement restreints et ne peuvent être généralisées à une zone d’étude globale.
3. Campagne géochimique
En complément des campagnes géophysiques, il est prévu de mener des études géochimiques. Elles se traduisent par le prélèvement de sédiments de ruisseau, avec une densité moyenne d’environ 1 échantillon tous les 2 km².

Sédiments de ruisseau.
© BRGM
Chaque échantillon est caractérisé par un volume suffisant de matériaux prélevé (environ 4-5 kg), avant d’être référencé, préparé et finalement analysé en laboratoire afin de déterminer la teneur en différentes substances permettant de détecter des anomalies, notamment en métaux, dans différentes zones du territoire étudié.

Exemple d’échantillons.
© BRGM
Le prélèvement de centaines de milliers d’échantillons dans des zones parfois difficiles d’accès représente la partie la plus complexe, chronophage et donc coûteuse de la démarche. Dans les régions où des échantillons issus de l’inventaire historique demeurent disponibles en quantité et en qualité suffisantes, on privilégie leur ré-analyse, en profitant des nouvelles technologies analytiques disponibles tout en élargissant l’éventail des substances recherchées à la cinquantaine prévue dans le cadre de ce nouvel inventaire.

Campagne de prélèvements pour la géochimie.
© BRGM
4. Interprétation des données
La phase d’interprétation des données est une étape clé de l’IRM, qui suppose de croiser un maximum de données d’origines différentes (géophysiques, géologiques – nature des terrains, caractéristiques des zones faillées – et géochimiques – teneurs anormalement élevées en certains éléments) afin de chercher à identifier des secteurs propices en termes de prédisposition à l’existence de corps minéralisés d’intérêt.
L’un des enjeux de cette étape consistera à s’assurer que les meilleures pratiques et technologies actuelles soient intégrées aux démarches d’acquisition et de traitement des données (technologies, logiciels, recours à l’intelligence artificielle…). Une attention toute particulière sera apportée aux techniques d’agrégation des données (géologiques, géophysiques, géochimiques). Pour ce faire, un appel à innovation sera lancé afin de mobiliser les entreprises, notamment des start-ups dans le domaine de l’innovation numérique, capables d'apporter des solutions pour optimiser l’interprétation des données.
Les méthodes utilisées sont-elles nouvelles ?
Les avancées technologiques, notamment dans l'imagerie géophysique et l'analyse géochimique, ainsi que les progrès dans les connaissances géologiques, sont cruciaux pour identifier les métaux essentiels pour la France et l'Europe.
En géophysique
Le BRGM a une longue expérience de la géophysique aéroportée, puisque différentes campagnes ont été menées depuis plusieurs décennies à des fins d’acquisition de connaissances géologiques visant des applications potentielles variées (eau souterraine, risques naturels, géothermie…).
Ces techniques n’avaient cependant pas été mises en œuvre lors du précédent inventaire.
L’approche géophysique retenue est à la fois multi-méthodes (magnétisme, gravimétrie, électromagnétisme, gamma-spectrométrie) et multi-échelles (capteurs aéroportés et au sol). Elle mobilise des technologies innovantes héritées de recherche et développement menée au BRGM, dans sa filiale en instrumentation géophysique IRIS Instruments ou au sein de structures spécialisées. Plusieurs de ces innovations n’ont encore jamais été déployées pour de l'exploration stratégique en Europe. Des approches innovantes combinant émetteurs au sol et capteurs aéroportés pourront notamment être testées dans l'optique d'améliorer la résolution en profondeur de l'inventaire. Des acquisitions géophysiques par drone pourront par ailleurs être expérimentées.
À noter que certaines campagnes de géophysique aéroportée réalisées récemment en dehors de l’inventaire des ressources minérales, comme par exemple dans le Massif central et les Vosges et les Monts du Lyonnais, alimenteront les résultats.
En géochimie
Les analyses géochimiques ne constituent pas en elles-mêmes de nouvelles techniques, mais leur sensibilité s’est très fortement améliorée depuis le dernier inventaire minier. Par ailleurs, d’autres techniques innovantes comme l’hydrogéochimie ou la biogéochimie (à l’aide des végétaux) sont envisagées dans le cadre de cet inventaire. Une grande partie des gisements proches de la surface ayant déjà été mis en évidence, les nouveaux projets d’exploration géochimique doivent en effet viser la découverte de gisements « cachés », pour lesquels les méthodes d’exploration « classiques » sont moins efficaces.
Sur l’interprétation des données
Enfin, les méthodes d’interprétation des données ont beaucoup évolué depuis le dernier inventaire minier réalisé dans les années 1970 à 1990. À l’époque, les données issues de la géophysique et de la géochimie étaient parfois interprétées séparément par les géologues. Elles sont désormais interprétées conjointement, notamment grâce aux outils de cartographie prédictive innovants développés par le BRGM. Un algorithme d’intelligence artificielle combine l’ensemble des informations pour réaliser des cartes de potentiel pour les différentes substances minérales. L’objectif est de mieux définir et cibler les zones d’intérêt en fonction de la qualité du potentiel qu’elles présentent.
Quels sont les avantages des méthodes retenues ?
La géophysique aéroportée permet de couvrir rapidement, et donc à moindre coût, de très larges surfaces, y compris des zones d’accès difficile (forêts, montagnes) ou couvertes par une activité économique (à l’exception des zones densément urbanisées). Elle remplace ainsi de longues campagnes de prospection au sol.
Les trois méthodes géophysiques mises en œuvre renseignent sur des profondeurs variées, de la très proche surface jusqu’au premier kilomètre environ. La méthode électromagnétique fournira des données en 3D de la structure du sous-sol.
Les données acquises participeront à une meilleure connaissance du sous-sol et seront utiles à d’autres applications, autour de l’eau souterraine, des risques naturels, ou encore pour l’aménagement du territoire.
En géochimie, il est aujourd’hui possible de détecter des concentrations de 0,2 ppm de cuivre ou de nickel (c’est-à-dire 0,00002%), contre 10 ppm (c’est-à-dire 0,001%) à l’époque du premier inventaire minier. Cette amélioration technologique permet également d’analyser de nouvelles substances d’intérêt majeur aujourd’hui, mais également de mieux comprendre la répartition des substances minérales et de contraindre la géologie du territoire.
Les techniques utilisées pour réaliser l’inventaire ont-elles un impact sur l’environnement ? Peuvent-elles générer des nuisances pour les riverains ?
Dans cette phase stratégique de l’inventaire des ressources minérales, les méthodes utilisées sont non-invasives et non-destructives – en particulier, aucun forage ni aucun déboisement ne seront réalisés.
La géophysique aéroportée apporte des informations sur la nature des roches présentes – possiblement jusqu’à plusieurs kilomètres de profondeur – sans aucune incidence sur le milieu.
Les acquisitions géophysiques aéroportées requièrent des altitudes de vol basses, entre 80 et 120 m environ. Des autorisations de vol sont systématiquement demandées avant tout survol. Le champ magnétique généré, un million de fois plus faible que celui d’un téléphone portable, est sans impact sur la santé.
Les techniques de géochimie utilisées font appel à une collecte manuelle et précise d’échantillons à la surface des bassins versants des ruisseaux de matière boueuse annuelle, sans nécessiter de creusement. La quantité d'échantillonnage ne dépassera pas 4 à 5 kg par point de prélèvement. Les plans d’échantillonnage seront élaborés en amont des campagnes afin d'intervenir de manière extrêmement précise sur le site, tout en veillant à ce que les méthodes employées demeurent non invasives.

Les résultats de l’inventaire des ressources minérales
Quels seront les résultats de l’inventaire ?
L’organisation de l’inventaire en secteurs géographiques permettra d’échelonner les résultats et livrables au fil de l’avancée des chantiers territoriaux.
Les livrables finaux de l’inventaire des ressources minérales présenteront, pour chaque chantier :
- le contexte géologique et structural de la zone étudiée et la connaissance initiale disponible en termes de prédisposition à l’existence de ressources minérales,
- la nature des campagnes d’acquisition mises en œuvre,
- les principales données brutes qui ont été acquises.
Une interprétation de ces données permettra d’identifier les zones les plus prometteuses.
Pour chaque livrable seront produits :
- un document de synthèse à diffusion publique,
- un rapport plus complet présentant l’intégralité des interprétations.
Une attention toute particulière sera apportée au référencement, au contrôle qualité, à l’archivage, au traitement et à la bancarisation des échantillons et des données (en numérique et/ou physique).
A quoi vont servir les résultats ? Les applications seront-elles limitées au secteur minier ou l’inventaire peut-il aussi servir pour d’autres applications ?
Cet inventaire se situe très en amont du processus d’exploration minérale, dont il constitue la toute première étape. Il s’agit donc en premier lieu de développer la connaissance du sous-sol français et de ses ressources, pour permettre la poursuite éventuelle d’un programme d’exploration, mais également en vue d’applications variées dans différents domaines.
Le BRGM, en tant que service géologique national, est ici pleinement dans son rôle d’amélioration de la connaissance du sous-sol français.
Améliorer la connaissance géologique du territoire français pour des applications multiples
Les données acquises sur le sous-sol dans le cadre de l’inventaire des ressources minérales permettront d’améliorer la connaissance géologique de notre territoire, notamment en termes d’imagerie 3D du sous-sol profond.

Modélisation 3D des objets géologiques régionaux, mis en perspectives avec les minéralisations.
© BRGM - Dubreuil et al.
Leur valorisation ne se limitera pas au domaine des ressources minérales, mais concernera également d’autres thématiques à forts enjeux, en particulier dans des perspectives d’atténuation et d’adaptation au changement climatique :
- ressources en eau,
- géothermie profonde,
- risques naturels et aménagement,
- captage et stockage du CO2,
- etc.
Où et comment le public pourra-t-il consulter les données issues de l’inventaire ?
Des initiatives de diffusion des données seront mises en place pour promouvoir la connaissance du sous-sol et contribuer au développement régional.
- L'intégralité des données brutes aéroportées ainsi que celles issues des levés gravimétriques sera mise à disposition sur le portail InfoTerre du BRGM.
- Elles seront structurées pour être également consultables via https://www.data.gouv.fr.
- Pour en faciliter la diffusion, des actualités sur le portail Minéralinfo seront régulièrement assurées pour signaler la disponibilité des données.
Cette initiative s'inscrit dans la volonté de l’État et du BRGM de promouvoir la diffusion des connaissances du sous-sol aux différentes parties prenantes concernées et de contribuer au développement de compétences sur le territoire.
Concernant les campagnes géochimiques, les plans d’échantillonnage de chaque secteur concerné seront consultables en mairie ou en préfecture, pour faciliter l’information du public concerné en termes de voisinage des campagnes sur le terrain. En complément, ils seront également mis au fil de l’eau sur InfoTerre, pour restituer l’avancement des travaux.