Les premiers épisodes de recharge s’observent sur les nappes phréatiques avec les pluies de fin août et de septembre. L’état des nappes s’améliore avec 46% des points d’observation au-dessus des normales mensuelles, mais moins qu’en 2024 (73%).
8 octobre 2025

Situation hydrogéologique au 1er octobre 2025

Les pluies de fin août et de septembre ont été propices à l’observation des premiers épisodes de recharge sur les nappes réactives. Les niveaux des nappes inertielles demeurent en baisse. Les tendances s’inversent avec 29% des niveaux en hausse (9% en août).

Les situations s’améliorent par rapport à août et sont généralement satisfaisantes, de modérément bas à modérément hauts. La situation est inquiétante, avec des niveaux bas à très bas, sur les nappes du Roussillon, de l’Aude et du sud de la Corse.

En octobre, les conditions semblent cependant réunies pour que la période de recharge se généralise à l’ensemble des nappes. Les tendances et l’évolution des situations dépendront cependant essentiellement des cumuls pluviométriques locaux et de la sensibilité de la nappe.

Situation des nappes d’eau souterraine : une carte revisitée et plus fréquente

Très attendu chaque mois par le public, le bulletin de situation des nappes phréatiques évolue. Désormais diffusée deux fois par mois, la carte se dote d'une nouvelle palette de couleurs, pour une meilleure lisibilité.

À partir du 1er juillet 2025, la carte comparative entre le mois en cours et le même mois de l'année précédente est également rééditée dans la nouvelle gamme de couleurs.

Carte de France hexagonale de la situation des nappes d'eau souterraine au 1er octobre 2025.

Carte de France hexagonale de la situation des nappes d'eau souterraine au 1er octobre 2025.

Carte établie le 6 octobre 2025 par le BRGM, à partir de données de la banque ADES acquises jusqu’au 30 septembre 2025.

Source des données : ADES (ades.eaufrance.fr) / Hydroportail (hydro.eaufrance.fr) / Fond de carte © IGN. Producteurs de données et contribution : APRONA, BRGM, Conseil Départemental de la Vendée, Conseil Départemental des Landes, Conseil Départemental du Lot, EPTB Vistre Vistrenque, Parc Naturel Régional des Grandes Causses, Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de l’Astien (SMETA), Syndicat Mixte pour la protection et la gestion des nappes souterraines de la plaine du Roussillon (SMNPR).

Cette carte présente les indicateurs globaux traduisant les fluctuations moyennes des nappes. Ils sont établis à partir des indicateurs ponctuels relevés au niveau des points de surveillance du niveau des nappes (piézomètres).

L'indicateur "Niveau des nappes" compare le mois en cours par rapport aux mêmes mois de l’ensemble de la chronique, soit au minimum 15 ans de données, et jusqu'à plus de 100 ans. Il est réparti en 7 classes, du niveau le plus bas (en rouge) au niveau le plus haut (en bleu foncé).

Les zones grises correspondent à des secteurs sans nappes libres, c'est-à-dire avec une couche imperméable ou semi-perméable au-dessus de la nappe, et/ou des secteurs comportant une très faible densité de points de suivi. Ce dernier cas concerne notamment les zones montagneuses dont les nappes sont petites et hétérogènes.

L'indicateur "Évolution des niveaux" traduit la variation du niveau d'eau du mois échu par rapport aux deux mois précédents (stable, à la hausse ou à la baisse).

Ces indicateurs globaux rendent compte de situations et de tendances générales et ne tiennent pas compte d'éventuelles disparités locales.

© BRGM

Évolution des tendances observées sur les piézomètres d'octobre 2024 à septembre 2025.

Évolution des tendances observées sur les piézomètres d'octobre 2024 à septembre 2025.

© BRGM

Tendances d’évolution

La période de vidange a débuté précocement, dès février 2025, pour les nappes réactives d’une grande partie nord du territoire, durant le printemps pour les nappes inertielles de l’Artois et du Bassin parisien et entre avril et mai pour les nappes du sud et de la Corse. Localement, les épisodes orageux survenus durant l’été ont permis de réduire la vitesse de vidange des nappes réactives. À partir de fin août, les premiers épisodes de recharge s’observent sur les nappes réactives.

Le mois de septembre 2025 semble marquer la transition entre la période de vidange et la période de recharge. Les tendances s’inversent, avec 29% des niveaux en hausse (9% en août). Les cumuls pluviométriques locaux ont été suffisants pour s’infiltrer en profondeur et engendrer des épisodes de recharge.

Les tendances des nappes inertielles demeurent généralement orientées à la baisse. Ce constat est habituel en septembre, les pluies infiltrées pouvant mettre plusieurs semaines pour s’infiltrer en profondeur.

Quelques niveaux en hausse s’observent localement au sud-ouest du Bassin parisien et dans l’Est-Lyonnais, du fait de cumuls pluviométriques importants et de la diminution des prélèvements.

De nombreuses nappes réactives des deux-tiers sud et du nord-est du territoire enregistrent des niveaux stables ou en hausse en septembre. Les cumuls pluviométriques de fin août et de septembre ont été suffisants pour s’infiltrer en profondeur et engendrer des épisodes de recharge. De plus, la baisse des températures a permis de diminuer les besoins en eau de la végétation et d’ainsi améliorer l’efficacité des pluies.

La vidange de nappes réactives reste active en septembre dans un contexte de pluies efficaces locales déficitaires. C’est notamment le cas pour les nappes du Massif armoricain, malgré de petits épisodes de recharge, et pour quelques nappes du Bassin aquitain et du littoral du Roussillon et du Languedoc.

Situation comparée entre le 1er octobre 2024 et le 1er octobre 2025

Pour visualiser l'évolution sur un an, faites glisser le curseur sur la carte.
Carte de France hexagonale de la situation des nappes au 1er octobre 2024.
Carte de France hexagonale de la situation des nappes au 1er octobre 2025.

Carte de France hexagonale de la situation des nappes au 1er octobre 2024 (à gauche) et au 1er octobre 2025 (à droite).

© BRGM

Évolution des situations observées sur les piézomètres d'octobre 2024 à septembre 2025.

Évolution des situations observées sur les piézomètres d'octobre 2024 à septembre 2025.

© BRGM

Situation des nappes

Les niveaux durant l’hiver 2024-2025 étaient globalement satisfaisants. La situation s’est dégradée progressivement à partir de février 2025 dans une grande partie nord du territoire et à partir d’avril-mai au sud. En août, l’état des nappes s’est stabilisé et était hétérogène.

En septembre 2025, les niveaux sont généralement satisfaisants, de modérément bas à modérément haut. La situation s’améliore par rapport à août : 31% des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 23% sont comparables et 46% sont au-dessus (respectivement 38%, 29% et 33% en août).

La situation était beaucoup plus satisfaisante en septembre 2024 : 73% des niveaux étaient au-dessus des normales mensuelles, du fait d’une recharge 2023-2024 abondante et d’un fort soutien par les pluies du printemps 2024. La situation est meilleure en 2025 uniquement pour les nappes très inertielles de la Beauce et du Sundgau (sud Alsace) et localement pour quelques nappes du pourtour méditerranéen.

Nappes inertielles

L’état des nappes inertielles n’évolue quasiment pas entre août et septembre 2025. Les niveaux restent satisfaisants, de modérément bas à modérément hauts.

Concernant l’Artois et le Bassin parisien, les situations sont plus dégradées au droit des nappes moins inertielles de la craie marneuse du littoral d'Artois et de la Champagne, plus sensibles aux déficits pluviométriques survenus à partir de février. Au contraire, la situation est particulièrement excédentaire pour la nappe très inertielle de la Beauce. Des niveaux très hauts s’observent sur sa partie nord-ouest.

Les niveaux des nappes du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône sont généralement comparables aux normales. Les situations locales peuvent cependant être hétérogènes, avec des niveaux bas à hauts. Par exemple, les niveaux de la nappe des alluvions fluvioglaciaires de l’Est-Lyonnais sont localement hauts, en lien avec la baisse de la pression des prélèvements et le début de la période de recharge.

Nappes réactives 

Les pluies importantes de fin août et de septembre impactent significativement de nombreuses nappes réactives. L’influence des précipitations est particulièrement visible au droit des nappes du Massif central, avec une amélioration significative de leur état. Enfin, les situations restent stables pour les nappes du Massif armoricain, du sud du Massif central, du pourtour méditerranéen et de Corse.

L’état des nappes réactives devient satisfaisant sur de nombreux secteurs : la plupart des niveaux sont modérément bas à modérément hauts.
Les niveaux sont hauts sur les nappes du Rhône inférieur, de l’ouest du Massif central et de la Côte-des-Bars. Quelques points observent localement des niveaux très hauts. La recharge a été particulièrement abondante en septembre sur ces secteurs, permettant une amélioration considérable de l’état des nappes.

La situation est très fragile, avec des niveaux bas à très bas pour les nappes du Roussillon et de l’Aude. Les nappes de l’extrême sud de la Corse (Alta Rocca, Balagne et Fium’Orbu) sont également en très mauvais état quantitatif. L’évolution des niveaux de ces nappes sera à surveiller durant les prochaines semaines. De plus, quelques points bas à très bas sont toujours présents sur les nappes des calcaires jurassiques de Lorraine et du Berry, des formations volcaniques du Massif central et du socle du Limousin.

Plusieurs nappes présentent des situations excédentaires, avec des niveaux hauts par rapport aux mois de septembre des années antérieures :

  • Les niveaux hauts à très hauts de la nappe de la Beauce s’expliquent par le caractère très inertiel de la nappe qui bénéficie encore des recharges excédentaires de 2023-2024 et de 2024-2025 ;
  • Les épisodes de recharge de septembre ont permis d’améliorer considérablement l’état des nappes des calcaires jurassiques de la Côte-des-Bars et du socle de l’ouest du Massif central ;
  • Les nappes alluviales du Rhône inférieur et de ses principaux affluents ont bénéficié d’apports pluviométriques ces dernières semaines.

Plusieurs nappes présentent des situations peu favorables avec des niveaux bas à très bas par rapport aux mois de septembre des années précédentes :

  • Les niveaux des nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières demeurent bas à très bas ;
  • En contexte de faibles précipitations, la nappe des alluvions de l’Aude reste à un niveau bas ;
  • Les nappes de l’extrême sud de la Corse subissent les déficits pluviométriques de ces derniers mois.

Chiffres clés

  • 29.00
    %
    des niveaux sont en hausse

  • 46.00
    %
    des niveaux sont au-dessus des normales mensuelles

  • 31.00
    %
    des niveaux sont sous les normales mensuelles

Prévisions 

Les prévisions saisonnières de Météo-France pour les mois d’octobre, novembre et décembre 2025 privilégient des températures plus élevées sur l’ensemble du territoire. Aucun scénario ne se dégage pour la pluviométrie.

Le début de l’automne est une période charnière, entre fin de la vidange estivale (niveaux en baisse) et début de la recharge hivernale (niveaux en hausse). L’inversion des tendances courant août-septembre laisse présager un début précoce de la période de recharge. Cependant, le maintien des tendances à la hausse dépend essentiellement du volume des pluies infiltrées en profondeur, et donc de la pluviométrie et de la mise en dormance de la végétation. Tant que la végétation restera active, en lien avec des températures élevées, les épisodes de recharge seront limités.

Nappes inertielles

Concernant les nappes inertielles de l’Artois et du Bassin parisien, les pluies efficaces sont encore insuffisantes pour inverser les tendances. La période de recharge ne devrait pas se mettre en place avant la mise en dormance de la végétation et la survenue de pluies importantes, soit à partir de fin octobre.

Le Sundgau et le couloir Rhône-Saône ont été plus arrosés et l’étiage des nappes devrait s’observer à partir d’octobre pour les nappes les moins inertielles.

Les situations de l’ensemble des nappes inertielles devraient rester stables et relativement satisfaisantes sur les prochaines semaines. Durant l’hiver, elles évolueront lentement en fonction des épisodes de recharge.

Nappes réactives

Les conditions semblent réunies pour que la période de recharge se généralise à l’ensemble des nappes réactives durant le mois d’octobre. L’impact des pluies devrait être visible rapidement sur les secteurs arrosés. Cependant, la vidange pourra reprendre si les pluies efficaces sont insuffisantes.

Durant l’automne et l’hiver, l’évolution de l’état des nappes réactives dépendra essentiellement des cumuls pluviométriques. Les situations peuvent évoluer rapidement, en quelques semaines. La situation actuelle ne permet pas de se projeter sur les prochains mois et de se prononcer quant à l’absence de sécheresse ou d’inondation par remontée de nappe.

Une attention particulière mérite d’être portée sur les nappes qui affichent en septembre des niveaux bas à très bas (Roussillon, Aude et sud de la Corse). L’état actuel de ces nappes est préoccupant et l’étiage 2025 s’annonce sévère. La période de recharge 2024-2025 devra faire l’objet d’une surveillance accrue.

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État des nappes d’eau souterraine : un suivi assuré par le BRGM

L’eau souterraine est une ressource très utilisée : en France hexagonale, elle représente près des deux tiers de la consommation d’eau potable et plus du tiers de celle du monde agricole. Elle est aussi largement exploitée dans le secteur industriel. Les nappes d’eau souterraine dépendent de recharges cycliques.

Le BRGM assure la surveillance du niveau des nappes phréatiques et de la qualité des eaux souterraines en France hexagonale. Découvrez les actions menées par le service géologique national et les ressources et bases de données disponibles sur l'eau souterraine en France.

Recharge des nappes : 3 questions pour mieux comprendre

Le niveau des nappes varie au cours de l’année, entre des niveaux hauts l’hiver (quand la végétation n’absorbe pas l’eau des pluies) et des niveaux bas l’été (période classique de vidange des nappes).

Le devenir d'une pluie est très différent selon la période de l'année et l'état de la surface sur laquelle elle tombe. Traditionnellement, la période de recharge des nappes s'étend du début de l'automne (septembre - octobre) au début du printemps (mars - avril), semestre durant lequel la végétation est en sommeil (avec une évapotranspiration faible) et les précipitations sont en principe plus abondantes. Si l'hiver est sec, la recharge des nappes est très faible.

À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne.

Les nappes s'écoulent plus ou moins rapidement selon la porosité (pourcentage de vides dans la roche) et la perméabilité (capacité à laisser circuler l’eau – connexion entre ces vides) des aquifères. Plus les vides sont importants, grands et reliés entre eux, plus la nappe s’écoulera vite, et plus elle se remplira, mais aussi se videra vite.

Un même volume d’eau peut parcourir une même distance :

  • en quelques années en milieu poreux,
  • en quelques mois en milieu fissuré,
  • et en quelques jours, voire quelques heures, en milieu karstique.

L'impact de la qualité de la recharge hivernale est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.

On parle de nappes :

  • réactives (dans des aquifères constitués de sables, graviers, calcaires karstiques, granites altérés). Elles se distinguent par des réactions rapides : elles peuvent se recharger lors de fortes pluies estivales, mais ont également une sensibilité importante à la sécheresse. Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison.
  • inertielles (dans des aquifères constitués de craie, calcaire non karstique, grès). Leurs réactions sont lentes. Leur cyclicité peut être pluriannuelle, c’est-à-dire qu’elles nécessitent une longue période pour se recharger ou se vidanger.
Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.

Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.

© BRGM

Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France Hexagonale. © BRGM