Situation hydrogéologique au 1er mai 2025
La vidange est en cours sur une grande partie des nappes, avec 61% des niveaux en baisse. La situation des nappes est contrastée : généralement proche à sous les normales sur les nappes réactives du nord et au-dessus des normales sur les nappes inertielles et les nappes du sud. Les niveaux des nappes du Roussillon et du massif des Corbières restent bas à très bas.
En mai et jusqu’à l’automne, les tendances devraient rester à la baisse. Des épisodes de recharge pourraient être observés ponctuellement en cas de pluies excédentaires sur les nappes réactives. Les prévisions pour le printemps et l’été sont optimistes pour les nappes inertielles du Bassin parisien et du couloir Rhône amont et très pessimistes pour le Roussillon. Elles sont plus incertaines pour le reste du territoire. La fin de la recharge hivernale déficitaire risque d’impacter les nappes réactives du nord sur les prochains mois.

Carte de France hexagonale de la situation des nappes d'eau souterraine au 1er mai 2025.
© BRGM
Tendances d’évolution
La recharge a débuté entre septembre et octobre 2024. La recharge a été très active en octobre, a fortement ralenti en novembre, avant de reprendre en décembre et janvier sauf sur le sud-est. Elle s’est ensuite atténuée à partir de février sur une grande partie du territoire et s’est réactivée sur le sud-est.
En avril 2025, la vidange est en cours : 61% des niveaux sont en baisse (49% en mars). Les tendances sont contrastées entre le nord et le sud, selon les cumuls pluviométriques locaux.
Concernant les nappes du nord du territoire, les niveaux sont en baisse après trois mois de pluies déficitaires. La période de vidange s’est mise en place dès février sur les nappes réactives et en avril sur les nappes inertielles du Bassin de l’Artois et du centre du Bassin parisien. Seules les nappes très inertielles de la Beauce et du Sundgau (sud Alsace) observent encore des niveaux en hausse. La recharge s’atténue très lentement sur ces secteurs.
Au sud, les pluies d’avril ont permis d’engendrer des épisodes de recharge. Cependant les tendances sont contrastées, selon les cumuls pluviométriques locaux, la reprise des prélèvements et la réactivité de la nappe. La végétation est active et les pluies ont de moins en moins d’impact sur les nappes.
Situation comparée entre le 1er mai 2024 et le 1er mai 2025


Carte de France hexagonale de la situation des nappes au 1er mai 2024 (à gauche) et au 1er mai 2025 (à droite).
© BRGM
Situation des nappes
Les niveaux de l’étiage 2024 étaient particulièrement hauts. Les niveaux ont ensuite évolué durant l’automne et l’hiver selon l’intensité des recharges. La situation globale est restée au-dessus des normales mensuelles. Elle s’est cependant dégradée progressivement depuis février. Cela a marqué le début précoce de la période de vidange sur une grande partie nord du territoire.
L’état global des nappes demeure satisfaisant en avril : 27% des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 23% sont comparables et 50% sont au-dessus (respectivement 27%, 20% et 52% en février).
La situation était plus satisfaisante en avril 2024, avec 65% des niveaux au-dessus des normales mensuelles. En effet, les pluies du printemps 2024 avaient fortement soutenu les niveaux des nappes réactives. L’état des nappes réactives des deux-tiers nord et du sud-ouest ainsi que des nappes inertielles de l’Artois et de la bordure nord-est du Bassin parisien est plus dégradé en 2025. La situation est cependant meilleure en 2025 sur les nappes inertielles du Bassin parisien, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône et sur les nappes réactives du sud-est et de Corse.
Nappes inertielles
L’état des nappes inertielles s’est amélioré très progressivement depuis l’automne 2023. La situation entre mars et avril 2025 reste généralement stable. Elle se dégrade légèrement sur les nappes de l’Artois et de la bordure nord-est du Bassin parisien. En effet, ces nappes moins inertielles sont impactées par le début précoce de la période de vidange.
Les niveaux des nappes du Bassin parisien et du Bassin de l’Artois sont satisfaisants, de proches des normales mensuelles à hauts. Localement, des niveaux très hauts s’observent sur le centre du Bassin parisien et la Beauce tandis que les niveaux moins satisfaisants, proches des normales, se situent sur l’est du Bassin parisien et sur l’Artois.
Les nappes du Sundgau (sud Alsace) et du couloir de la Saône demeurent respectivement modérément basses et comparables aux normales depuis l’été 2024, du fait de leur inertie très importante. Les situations locales peuvent être hétérogènes, avec des niveaux bas à hauts.
Concernant les nappes inertielles du couloir du Rhône, la situation est meilleure en amont et se dégrade vers l’aval, la recharge hivernale de ces deux dernières années ayant été plus abondante sur la partie nord. Ainsi, les niveaux sont satisfaisants, modérément hauts, sur l’Avant-Pays savoyard et l’Est Lyonnais. Ils deviennent proches des normales sur le Nord-Isère et le Bas-Dauphiné. Cependant, la situation de la nappe de la molasse miocène du Bas-Dauphiné s’est améliorée et plus aucun niveau bas n’est observé.
Nappes réactives
Les nappes réactives du nord du territoire sont impactées par les pluies déficitaires de ces trois derniers mois. Les situations, modérément hautes à très hautes en janvier, se sont dégradées progressivement : elles sont proches à sous les normales mensuelles en avril. En détails, l’état des nappes est déficitaire, avec des niveaux bas voire localement très bas, pour les calcaires jurassiques du Boulonnais et de Lorraine. Il est peu satisfaisant pour cette période de l’année, avec des niveaux modérément bas à proches des normales mensuelles, pour les nappes des calcaires jurassiques du pourtour du Bassin parisien, du Jura et des Charentes et pour les nappes du Massif armoricain et du nord-est et du centre du Massif central.
Au sud-ouest, sur le Bassin Adour-Garonne et l’ouest du Massif central, le mois d’avril humide a permis de ralentir la vidange des nappes voire d’engendrer des épisodes de recharge. Ce soutien permet de conserver des niveaux autour des normales mensuelles à hauts. Une vigilance reste d’actualité sur les nappes alluviales du bassin de l’Adour et de la vallée amont de la Dordogne, qui affichent localement des niveaux modérément bas à bas.
Les pluies ont été généralement excédentaires depuis février au sud-est et en Corse. Les cumuls pluviométriques ont permis de compenser le début de recharge 2024-2025 déficitaire. L’état des nappes du sud du Massif central, du pourtour méditerranéen, de la Provence, des vallées du sud des Alpes et de Corse continue de s’améliorer sur les secteurs arrosés ou reste stable entre mars et avril. Les niveaux sont satisfaisants, de modérément hauts à hauts. L’impact des pluies s’atténue avec l’activité de la végétation, en lien avec les températures élevées. L’augmentation de la pression sur les eaux souterraines (irrigation et tourisme) se fait également ressentir localement. La situation est moins favorable, avec des niveaux proches des normales, pour la nappe de la vallée de l’Aude.
Enfin, les niveaux restent bas à très bas sur les nappes du massif des Corbières et de la plaine du Roussillon. Les précipitations de ces derniers mois et notamment de mars ont permis une amélioration sensible des situations locales. Cependant les cumuls pluviométriques restent très insuffisants pour combler les déficits. La nappe du Pliocène, moins réactive aux conditions météorologiques, reste à des niveaux très inquiétants.
Nappes présentant des situations excédentaires
Plusieurs nappes présentent des situations excédentaires, avec des niveaux hauts par rapport aux mois d’avril des années antérieures :
- Les nappes inertielles de l’ouest et du sud du Bassin parisien ont bénéficié de recharges excédentaires en 2023-2024 et 2024-2025 et observent des niveaux hauts ;
- Des nappes réactives du sud, des calcaires jurassiques karstifiés des Causses du Quercy et de la Provence ainsi que du socle du sud du Massif central, ont bénéficié du soutien des pluies d’avril et affichent des niveaux hauts ;
- L’état des nappes du littoral de Corse s’est progressivement amélioré entre février et avril pour atteindre des niveaux hauts.
Nappes présentant des situations peu favorables
Plusieurs nappes présentent des situations peu favorables avec des niveaux bas à très bas par rapport aux mois d’avril des années précédentes :
- Les niveaux de la nappe des calcaires jurassiques du Boulonnais sont bas, après trois mois de précipitations déficitaires ;
- Les nappes des calcaires jurassiques de Lorraine sont impactées par la fin de la période de recharge déficitaire et ses niveaux sont bas ;
- Les niveaux des nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières sont en hausse ou stables mais restent bas à très bas.
Chiffres clés
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61.00%des niveaux sont en baisse
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50.00%des niveaux sont au-dessus des normales mensuelles
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27.00%des niveaux sont sous les normales mensuelles
Prévisions
Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de mai, juin et juillet 2025 privilégient des températures plus élevées sur l’ensemble du territoire. Aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations.
Durant les prochains mois, les eaux s’infiltrant dans le sol seront principalement reprises par la végétation et ne s’infiltreront que peu en profondeur. La vidange devrait se poursuivre en mai et jusqu’à la mise en dormance de la végétation, soit jusqu’à octobre à fin novembre, et/ou la survenue d’épisodes pluviométriques abondants. Durant la période estivale, les épisodes de recharge devraient rester ponctuels, localisés et peu intenses. Les conditions pour observer des niveaux en hausse et une amélioration de la situation des nappes seront une pluviométrie importante, des sols humides et une nappe réactive. La sollicitation des ressources en eau par les prélèvements influencera également l’état des nappes.
En mai, les pluies ne devraient réussir à s’infiltrer en profondeur qu’au droit des sols humides, c’est-à-dire principalement au sud du territoire. Concernant le nord, les pluies devraient d’abord permettre d’humidifier les sols et profiter à la végétation, avant de réussir à s’infiltrer en profondeur. Cependant, les pluies orageuses ne devraient pas être efficaces pour recharger les nappes, leur intensité favorisant le ruissellement au détriment d’une infiltration dans les sols. De plus, si les prévisions de Météo-France se confirment, les températures plus hautes favoriseront les demandes en eau notamment pour l’irrigation et les activités de loisirs. Les tendances en mai devraient donc être majoritairement à la baisse. Les situations devraient évoluer selon les pluies efficaces locales, les sollicitations par les prélèvements et la réactivité de la nappe.
Prévisions saisonnières des nappes inertielles
Les prévisions pour cet été sont optimistes pour les nappes inertielles du Bassin parisien et du couloir du Rhône amont (Avant-Pays savoyard et Est Lyonnais). Elles sont plus incertaines pour les nappes inertielles de la partie littorale de l’Artois, de la bordure est du Bassin parisien, du Sundgau, du couloir de la Saône, du Nord-Isère et du Bas-Dauphiné. Les niveaux devraient rester proches des normales à modérément bas. Mais des situations plus défavorables pourraient s’observer localement cet été et des tensions pourraient apparaitre.
Prévisions saisonnières des nappes réactives
Sur les nappes réactives, les prévisions estivales demeurent incertaines. Elles dépendront des cumuls pluviométriques locaux et des prélèvements des prochains mois.
Elles semblent plutôt optimistes pour les nappes du sud-ouest, du sud-est et de la Corse qui affichent en avril des niveaux modérément hauts à hauts. Mais une sécheresse météorologique prolongée pourrait impacter rapidement les nappes réactives, notamment le socle (Massif central) et les calcaires karstiques (bordure ouest et sud du Massif central et Provence), et engendrer des niveaux peu satisfaisants d’ici la fin de l’été. Cette dégradation sera d’autant plus importante que la nappe sera sollicitée par des prélèvements notamment pour l’irrigation et le tourisme.
Les prévisions pour l’été semblent relativement pessimistes mais avec une forte incertitude pour les nappes réactives des calcaires de Lorraine, de la Côte-des-Bars, du Jura et du socle de Bretagne. Ces nappes observent des niveaux modérément bas à bas en avril et la sécheresse des sols ne devrait pas permettre une infiltration efficace des pluies de mai.
Enfin, les prévisions sur les prochains mois demeurent très pessimistes pour les nappes de la plaine du Roussillon et du massif des Corbières, peu importe le scénario de pluies et de températures. Les niveaux devraient rester sous les normales et même sous des niveaux bas à très bas pour la nappe profonde des sables pliocènes.
Contact presse

État des nappes d’eau souterraine : un suivi assuré par le BRGM
L’eau souterraine est une ressource très utilisée : en France hexagonale, elle représente près des deux tiers de la consommation d’eau potable et plus du tiers de celle du monde agricole. Elle est aussi largement exploitée dans le secteur industriel. Les nappes d’eau souterraine dépendent de recharges cycliques.
Le BRGM assure la surveillance du niveau des nappes phréatiques et de la qualité des eaux souterraines en France hexagonale. Découvrez les actions menées par le service géologique national et les ressources et bases de données disponibles sur l'eau souterraine en France.
Recharge des nappes : 3 questions pour mieux comprendre
Comment les nappes se rechargent-elles et comment se vident-elles ?
Le niveau des nappes varie au cours de l’année, entre des niveaux hauts l’hiver (quand la végétation n’absorbe pas l’eau des pluies) et des niveaux bas l’été (période classique de vidange des nappes).
Le devenir d'une pluie est très différent selon la période de l'année et l'état de la surface sur laquelle elle tombe. Traditionnellement, la période de recharge des nappes s'étend du début de l'automne (septembre - octobre) au début du printemps (mars - avril), semestre durant lequel la végétation est en sommeil (avec une évapotranspiration faible) et les précipitations sont en principe plus abondantes. Si l'hiver est sec, la recharge des nappes est très faible.
À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne.
Pourquoi certaines nappes se rechargent-elles plus vite que d'autres ?
Les nappes s'écoulent plus ou moins rapidement selon la porosité (pourcentage de vides dans la roche) et la perméabilité (capacité à laisser circuler l’eau – connexion entre ces vides) des aquifères. Plus les vides sont importants, grands et reliés entre eux, plus la nappe s’écoulera vite, et plus elle se remplira, mais aussi se videra vite.
Un même volume d’eau peut parcourir une même distance :
- en quelques années en milieu poreux,
- en quelques mois en milieu fissuré,
- et en quelques jours, voire quelques heures, en milieu karstique.
Nappes inertielles, nappes réactives : de quoi s'agit-il ?
L'impact de la qualité de la recharge hivernale est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.
On parle de nappes :
- réactives (dans des aquifères constitués de sables, graviers, calcaires karstiques, granites altérés). Elles se distinguent par des réactions rapides : elles peuvent se recharger lors de fortes pluies estivales, mais ont également une sensibilité importante à la sécheresse. Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison.
- inertielles (dans des aquifères constitués de craie, calcaire non karstique, grès). Leurs réactions sont lentes. Leur cyclicité peut être pluriannuelle, c’est-à-dire qu’elles nécessitent une longue période pour se recharger ou se vidanger.

Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.
© BRGM
Carte établie le 9 mai 2025 par le BRGM, à partir de données de la banque ADES acquises jusqu’au 30 avril 2025.
Source des données : banque ADES (ades.eaufrance.fr) / Hydroportail (hydro.eaufrance.fr) / Fond de carte © IGN. Producteurs de données et contribution : APRONA, BRGM, Conseil Départemental de la Vendée, Conseil Départemental des Landes, Conseil Départemental du Lot, EPTB Vistre Vistrenque, Parc Naturel Régional des Grandes Causses, Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de l’Astien (SMETA), Syndicat Mixte pour la protection et la gestion des nappes souterraines de la plaine du Roussillon (SMNPR).
Cette carte présente les indicateurs globaux traduisant les fluctuations moyennes des nappes. Ils sont établis à partir des indicateurs ponctuels relevés au niveau des points de surveillance du niveau des nappes (piézomètres).
L'indicateur "Niveau des nappes" compare le mois en cours par rapport aux mêmes mois de l’ensemble de la chronique, soit au minimum 15 ans de données, et jusqu'à plus de 100 ans. Il est réparti en 7 classes, du niveau le plus bas (en rouge) au niveau le plus haut (en bleu foncé).
Les zones grises correspondent à des secteurs sans nappes libres, c'est-à-dire avec une couche imperméable ou semi-perméable au-dessus de la nappe, et/ou des secteurs comportant une très faible densité de points de suivi. Ce dernier cas concerne notamment les zones montagneuses dont les nappes sont petites et hétérogènes.
L'indicateur "Évolution des niveaux" traduit la variation du niveau d'eau du mois échu par rapport aux deux mois précédents (stable, à la hausse ou à la baisse).
Ces indicateurs globaux rendent compte de situations et de tendances générales et ne tiennent pas compte d'éventuelles disparités locales.