Situation hydrogéologique au 1er janvier 2025
En décembre 2024, la recharge des nappes se poursuit avec 67% des points d’observation en hausse. Seules les nappes du sud-est ont des niveaux en baisse.
La situation est très satisfaisante sur une grande partie du territoire, avec 61% des niveaux au-dessus des normales mensuelles. La situation reste inquiétante, avec des niveaux très bas, sur les nappes du Roussillon.
Durant l’hiver, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement de la pluviométrie. La recharge devrait se poursuivre en janvier sur les nappes inertielles et sur les secteurs arrosés abritant des nappes réactives. Cependant, en cas de précipitations insuffisantes, la vidange pourrait reprendre et l’état des nappes se dégrader. Les niveaux observés fin 2024 permettent d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver sur une grande partie du territoire.

Carte de France hexagonale de la situation des nappes d'eau souterraine au 1er janvier 2025.
© BRGM
Tendances d’évolution
La période de recharge a débuté dès septembre 2024 sur les secteurs arrosés abritant des nappes réactives et s’est généralisée courant octobre à l’ensemble des nappes. La recharge a été très active en octobre puis a fortement ralenti en novembre.
En décembre 2024, la recharge est active : 67% des points suivis enregistrent des niveaux en hausse (46% en novembre).
La recharge reprend en décembre 2024, malgré des pluies souvent faibles. La plupart des nappes observent des niveaux en hausse. Les sols humides voire saturés d’eau ont favorisé l’infiltration en profondeur des précipitations. La recharge est cependant ralentie sur les secteurs abritant des nappes réactives et ayant enregistrés des précipitations peu importantes en novembre et en décembre : nappes du Massif armoricain et nappes du nord au centre-ouest du Bassin aquitain.
Les nappes du sud-est enregistrent des niveaux en diminution ou stable. Ces baisses s’expliquent par plusieurs constats. Les nappes du Languedoc, du sud-est du Massif central, de la Provence, de la Côte d’Azur et des vallées des Alpes du sud n’ont pas bénéficié de cumuls pluviométriques suffisants ces deux derniers mois. De plus, les précipitations tombées sous forme neigeuse n’ont pas été bénéfiques à la recharge des nappes sur le Massif alpin et l’Avant-Pays savoyard. Enfin, les nappes inertielles du Bas Dauphiné, du Haut Dauphiné et de l’Est Lyonnais réagissent lentement aux événements météorologiques. Elles subissent l’impact des pluies déficitaires de novembre.
Situation comparée entre le 1er janvier 2024 et le 1er janvier 2025


Carte de France hexagonale de la situation des nappes au 1er janvier 2024 (à gauche) et au 1er janvier 2025 (à droite).
© BRGM
Situation des nappes
La période de recharge 2024-2025 a débuté entre septembre et octobre avec des niveaux particulièrement hauts. Les niveaux sont restés au-dessus des normales en novembre. Les nappes du Roussillon et localement de la vallée de l’Hérault et du littoral sud-est de Corse affichaient des niveaux très bas.
En décembre 2024, la situation des nappes se dégrade légèrement par rapport à novembre 2024 mais reste très satisfaisante : 17% des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 22% sont comparables et 61% sont au-dessus (respectivement 15%, 20% et 65% en novembre 2024).
La situation est légèrement plus favorable que celle observée l’année dernière, en décembre 2023, où 56% des niveaux se trouvaient au-dessus des normales mensuelles. Certaines nappes observent des niveaux plus hauts qu’en 2023. Ainsi, les nappes du sud-est et de la Corse observent des niveaux plus satisfaisants qu’en 2023. L’état des nappes inertielles du Bassin parisien, du Sundgau et du couloir Rhône-Saône s’est amélioré progressivement sur les 12 derniers mois. D’autres nappes observent des niveaux plus bas qu’en décembre 2023 : nappes du Bassin de l’Artois et nappes réactives des deux-tiers nord et du sud-ouest du territoire. A noter cependant que les niveaux étaient exceptionnellement hauts fin 2023 sur certaines de ces nappes.
En décembre 2024, l’état des nappes inertielles continue de s’améliorer très lentement mais reste globalement proche de celui de novembre. Les niveaux des nappes du Bassin de l’Artois et du Bassin parisien sont généralement modérément hauts. Ils deviennent hauts à très hauts sur les parties amont (est et sud) du Bassin parisien. La nappe du Sundgau (sud Alsace) reste modérément basse depuis juin 2024, du fait de son inertie très importante. Concernant les nappes inertielles du couloir Rhône-Saône, les niveaux sont comparables aux normales à modérément hauts et, même si les situations locales peuvent être hétérogènes, aucun point n’enregistre plus de niveaux bas à très bas.
Concernant les nappes réactives, les situations se maintiennent par rapport au mois précédent sur une grande partie des nappes. Elles se dégradent d’une classe sur les secteurs faiblement arrosés ces deux derniers mois : nord et ouest du Massif armoricain, nord et centre-ouest du Bassin aquitain, sud du Massif central (socle), littoral du Languedoc, Provence et Côte d’Azur.
La situation des nappes réactives demeure très satisfaisante sur une grande partie du territoire, avec des niveaux généralement proches des normales à hauts. Les nappes réactives du socle du sud-est du Massif armoricain et des calcaires jurassiques de la Brenne au seuil du Poitou demeurent à des niveaux très hauts malgré les pluies faibles de ces deux derniers mois. De très rares points observent encore des niveaux très hauts atteignant des périodes de retour de 20 ans, mais ces situations sont ponctuelles et localisées. Elles concernent notamment quelques points des nappes des calcaires jurassiques du Berry et des nappes des formations tertiaires des bassins du Massif armoricain.
L’impact des pluies déficitaires de ces deux derniers mois se fait ressentir sur les nappes du Languedoc, de la Provence, de la Côte d’Azur et de Corse. La situation y est moins satisfaisante que sur le reste du territoire avec des niveaux modérément bas à proches des normales. Quelques situations locales restent fragiles, avec des niveaux bas enregistrés ponctuellement sur les nappes de Provence et avec des niveaux très bas sur les nappes du littoral du sud-est de la Corse. Des niveaux satisfaisants, de modérément hauts à très hauts, s’observent cependant sur le littoral est de la Côte d’Azur, sur le littoral nord-est de la Corse et sur le Cap-Corse.
Enfin, les pluies de fin d’automne et de début d’hiver ont profité à la nappe alluviale de l’Aude, qui affiche des niveaux modérément hauts depuis novembre 2024, après près de 3 ans de niveaux déficitaires notamment sur sa partie amont. Les précipitations de sont toutefois très insuffisantes pour compenser les déficits pluviométriques accumulés depuis plus de 3 ans sur les Pyrénées-Orientales. Les niveaux restent très bas sur la plaine du Roussillon et bas sur le Massif des Corbières.
Nappes présentant des situations excédentaires
Plusieurs nappes présentent des situations excédentaires, avec des niveaux hauts à très hauts par rapport aux mois de décembre des années antérieures :
- L’état des nappes mixtes à inertielles de l’amont (est et sud) du Bassin parisien s’est graduellement amélioré depuis 1 an et affichent des niveaux hauts à très hauts en décembre 2024 ;
- Les nappes réactives du socle du sud-est du Massif armoricain et des calcaires jurassiques de la Brenne au seuil du Poitou restent à des niveaux très hauts depuis mai 2024 ;
- Les nappes réactives du socle de la Combraille et du plateau de Millevaches et des calcaires jurassiques du Berry observent des niveaux hauts.
Nappes présentant des situations peu favorables
Plusieurs nappes présentent des situations peu favorables avec des niveaux modérément bas à très bas par rapport aux mois de décembre des années précédentes :
- La situation reste fragile localement, avec des niveaux bas à très sur les nappes des plaines littorales du sud de la Corse (plaine orientale et plaine du Rizzanese) ;
- L’état des nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières demeure critique, avec des niveaux bas à très bas.
Comment les nappes se rechargent-elles et comment se vident-elles ?
Le niveau des nappes varie au cours de l’année, entre des niveaux hauts l’hiver (quand la végétation n’absorbe pas l’eau des pluies) et des niveaux bas l’été (période classique de vidange des nappes).
Le devenir d'une pluie est très différent selon la période de l'année et l'état de la surface sur laquelle elle tombe. Traditionnellement, la période de recharge des nappes s'étend du début de l'automne (septembre - octobre) au début du printemps (mars - avril), semestre durant lequel la végétation est en sommeil (avec une évapotranspiration faible) et les précipitations sont en principe plus abondantes. Si l'hiver est sec, la recharge des nappes est très faible.
À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne.
Pourquoi certaines nappes se rechargent-elles plus vite que d'autres ?
Les nappes s'écoulent plus ou moins rapidement selon la porosité (pourcentage de vides dans la roche) et la perméabilité (capacité à laisser circuler l’eau – connexion entre ces vides) des aquifères. Plus les vides sont importants, grands et reliés entre eux, plus la nappe s’écoulera vite, et plus elle se remplira, mais aussi se videra vite.
Un même volume d’eau peut parcourir une même distance :
- en quelques années en milieu poreux,
- en quelques mois en milieu fissuré,
- et en quelques jours, voire quelques heures, en milieu karstique.
Nappes inertielles, nappes réactives : de quoi s'agit-il ?
L'impact de la qualité de la recharge hivernale est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.
On parle de nappes :
- réactives (dans des aquifères constitués de sables, graviers, calcaires karstiques, granites altérés). Elles se distinguent par des réactions rapides : elles peuvent se recharger lors de fortes pluies estivales, mais ont également une sensibilité importante à la sécheresse. Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison.
- inertielles (dans des aquifères constitués de craie, calcaire non karstique, grès). Leurs réactions sont lentes. Leur cyclicité peut être pluriannuelle, c’est-à-dire qu’elles nécessitent une longue période pour se recharger ou se vidanger.

Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.
© BRGM
Prévisions
Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de janvier, février et mars 2025 privilégient un scénario plus chaud sur l’ensemble du territoire et plus sec que la normale sur le sud du territoire et la Corse. Aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations sur le reste du territoire.
Les tendances et donc l’évolution de l’état des nappes jusqu’au printemps et la reprise de la végétation dépendront des pluies infiltrées, et donc des cumuls pluviométriques, et du temps de réponse de la nappe (réactivité / inertie).
Après des pluies déficitaires enregistrées durant les mois de novembre et de décembre 2024, les nappes devraient réagir si janvier s’avère également sec. La vidange devrait alors reprendre sur les nappes réactives, avec des niveaux en baisse, et la situation pourrait continuer à se dégrader. Les nappes inertielles devraient résister plus longtemps mais la recharge pourrait ralentir avant de se stopper si les déficits pluviométriques perdurent. Au contraire, une pluviométrie normale à excédentaire permettra de maintenir une recharge active. Les situations des nappes devraient alors se maintenir ou s’améliorer, rapidement pour les secteurs arrosés abritant des nappes réactives et plus lentement sur les nappes inertielles.
A plus long terme, les prévisions restent confiantes quant à l’absence de sécheresse hivernale sur la quasi-totalité du territoire où les nappes affichent actuellement des niveaux au-dessus des normales mensuelles.
L’état des nappes inertielles de l’Artois, du Bassin parisien, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône devrait continuer à s’améliorer lentement ou rester stable sur les prochaines semaines. Les niveaux du printemps 2025 seront très probablement satisfaisants, proches à au-dessus des normales.
Concernant les nappes réactives, les prévisions saisonnières restent encore incertaines et dépendront des cumuls pluviométriques. Sur une grande partie du territoire, ce début de recharge hivernale permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver. Concernant les nappes affichant des niveaux sous les normales en décembre 2024, le retour à des niveaux au-dessus des normales sera possible en cas d’épisodes pluviométriques bien répartis dans les prochains mois. Cependant, la situation des nappes réactives peut également se dégrader rapidement en cas de pluviométrie insuffisante. Les niveaux de l’été 2025 dépendront d’une recharge abondante durant l’hiver et perdurant durant le printemps, afin de repousser le début de la période de vidange.
La possibilité d’atteindre des niveaux normaux au printemps 2025 reste compliquée sur les nappes de la plaine du Roussillon affichant des niveaux très bas en décembre. Il semble difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves de ces nappes sur les prochains mois et d’observer des niveaux au-dessus des normales d’ici le printemps 2025.
Après deux mois de pluies déficitaires, le risque à court terme d’inondations par remontée de nappe semble s’éloigner. Concernant les nappes inertielles du Bassin de l’Artois et du Bassin parisien, ce risque reste présent pour la fin d’hiver et le début du printemps si les cumuls pluviométriques des prochains mois s’avèrent excédentaires. Certaines nappes du Bassin parisien enregistrent des niveaux hauts à très hauts en décembre et pourraient atteindre des niveaux historiquement hauts durant l’hiver. Une surveillance accrue est préconisée sur ces secteurs pour les semaines à venir :
- Nappe mixte de la craie marneuse turonienne de Champagne, de Bourgogne et du Gâtinais ;
- Nappe mixte des calcaires et sables tertiaires de la Brie au Tardenois.
Prochain bulletin sur le niveau des nappes d'eau souterraine
Notre bulletin sur la situation des nappes d'eau souterraine paraît désormais tous les mois, en milieu de mois.
La prochaine édition sortira à la mi-février 2025.

État des nappes d’eau souterraine : un suivi assuré par le BRGM
L’eau souterraine est une ressource très utilisée : en France hexagonale, elle représente près des deux tiers de la consommation d’eau potable et plus du tiers de celle du monde agricole. Elle est aussi largement exploitée dans le secteur industriel. Les nappes d’eau souterraine dépendent de recharges cycliques.
Le BRGM assure la surveillance du niveau des nappes phréatiques et de la qualité des eaux souterraines en France hexagonale. Découvrez les actions menées par le service géologique national et les ressources et bases de données disponibles sur l'eau souterraine en France.
Contact presse

Carte établie le 10 janvier 2025 par le BRGM, à partir de données de la banque ADES acquises jusqu’au 31 décembre 2024.
Source des données : banque ADES (ades.eaufrance.fr) / Hydroportail (hydro.eaufrance.fr) / Fond de carte © IGN. Producteurs de données et contribution : APRONA, BRGM, Conseil Départemental de la Vendée, Conseil Départemental des Landes, Conseil Départemental du Lot, EPTB Vistre Vistrenque, Parc Naturel Régional des Grandes Causses, Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de l’Astien (SMETA), Syndicat Mixte pour la protection et la gestion des nappes souterraines de la plaine du Roussillon (SMNPR).
Cette carte présente les indicateurs globaux traduisant les fluctuations moyennes des nappes. Ils sont établis à partir des indicateurs ponctuels relevés au niveau des points de surveillance du niveau des nappes (piézomètres).
L'indicateur "Niveau des nappes" compare le mois en cours par rapport aux mêmes mois de l’ensemble de la chronique, soit au minimum 15 ans de données, et jusqu'à plus de 100 ans. Il est réparti en 7 classes, du niveau le plus bas (en rouge) au niveau le plus haut (en bleu foncé).
Les zones grises correspondent à des secteurs sans nappes libres, c'est-à-dire avec une couche imperméable ou semi-perméable au-dessus de la nappe, et/ou des secteurs comportant une très faible densité de points de suivi. Ce dernier cas concerne notamment les zones montagneuses dont les nappes sont petites et hétérogènes.
L'indicateur "Évolution des niveaux" traduit la variation du niveau d'eau du mois échu par rapport aux deux mois précédents (stable, à la hausse ou à la baisse).
Ces indicateurs globaux rendent compte de situations et de tendances générales et ne tiennent pas compte d'éventuelles disparités locales.