Situation hydrogéologique au 1er février 2025
En janvier 2025, la recharge des nappes se poursuit avec 71% des points suivis en hausse. Sur les deux-tiers nord, le sud-ouest et la Corse, les pluies excédentaires permettent le maintien voire l’amélioration des situations et l’état des nappes est excédentaire.
Les nappes du sud-est accusent des déficits pluviométriques et affichent des niveaux sous les normales mensuelles. Enfin les niveaux des nappes du Roussillon restent bas à très bas.
Durant la fin de l’hiver, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement de la pluviométrie. La recharge hivernale permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver sur une grande partie du territoire. Cependant, les prévisions demeurent incertaines pour les nappes réactives car elles dépendent des pluies de fin d’hiver et de début du printemps.

Carte de France hexagonale de la situation des nappes d'eau souterraine au 1er février 2025.
© BRGM
Tendances d’évolution
La période de recharge a débuté dès septembre 2024 sur les secteurs arrosés abritant des nappes réactives et s’est généralisée courant octobre à l’ensemble des nappes. La recharge a ensuite été très active en octobre puis a fortement ralenti en novembre. Elle a ensuite repris à partir de décembre sauf sur le sud-est.
En janvier 2025, la recharge se poursuit et 71% des niveaux sont en hausse (67% en décembre).
Sur les deux-tiers nord et le sud-ouest, les tendances des nappes réactives sont généralement à la hausse. Deux épisodes de recharge s’observent en début et en fin de mois. Ces épisodes de recharge ont été particulièrement abondants sur les nappes du socle du Massif armoricain. Des niveaux stables s’observent sur les secteurs moins arrosés : nappes des calcaires jurassiques de la Côte-des-Bars et du Berry et nappe de la Limagne. Les nappes inertielles du Bassin parisien, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir de la Saône poursuivent leur recharge. L’inertie de ces nappes implique un temps d’infiltration des pluies à travers la zone non saturée sur plusieurs semaines.
Les nappes du sud-est n’ont pas bénéficié de cumuls pluviométriques suffisants ces trois derniers mois. Les niveaux restent donc généralement en baisse ou stables. Ce constat concerne indifféremment les nappes inertielles du couloir rhodanien, de l’Est Lyonnais au Bas-Dauphiné, et les nappes réactives du sud du Massif central et du pourtour méditerranéen. Des niveaux en hausse s’observent uniquement sur les nappes du Roussillon. Enfin, les pluies excédentaires de mi-janvier permettent aux nappes de Corse d’afficher des niveaux en hausse sur les plaines littorales est et sud-ouest ou stables sur le Cap Corse et le nord-ouest.
Situation comparée entre le 1er février 2024 et le 1er février 2025


Carte de France hexagonale de la situation des nappes au 1er février 2024 (à gauche) et au 1er février 2025 (à droite).
© BRGM
Situation des nappes
La période de recharge a débuté entre septembre et octobre 2024 avec des niveaux particulièrement hauts. Les niveaux se sont légèrement dégradés en novembre et décembre 2024 mais sont restés au-dessus des normales. Seules les nappes du Roussillon et localement du sud-est et de la Corse affichaient des niveaux très bas.
En janvier 2025, l’état global des nappes s’améliore de nouveau et demeure excédentaire en janvier : 18% des points d’observation sont sous les normales mensuelles, 14% sont comparables et 68% sont au-dessus (respectivement 17%, 22% et 61% en décembre 2024). A noter que 16% des points suivis atteignent des niveaux très hauts en janvier (14% en décembre).
La situation est légèrement plus excédentaire que celle observée l’année dernière, en janvier 2024, où 56% des niveaux se trouvaient au-dessus des normales mensuelles. La plupart des nappes observe actuellement des niveaux plus hauts qu’en 2024. C’est notamment le cas des nappes inertielles dont l’état s’est amélioré progressivement durant les 12 derniers mois.
Concernant les nappes inertielles, les niveaux du Bassin parisien et du Bassin de l’Artois sont hauts à très hauts en partie amont (est et sud) et modérément hauts en partie aval (ouest). Quelques rares piézomètres observent encore des niveaux modérément bas à proches des normales sur les nappes très inertielles de la craie normande et de la Beauce. Les nappes du Sundgau (sud Alsace) et du couloir de la Saône restent modérément basses et comparables aux normales depuis l’été 2024, du fait de leur inertie très importante. Les situations locales peuvent être hétérogènes. Sur les nappes inertielles du couloir du Rhône, les niveaux sont plus satisfaisants en amont (Est-Lyonnais et Avant-pays savoyard) et deviennent modérément bas en aval (Bas-Dauphiné), conséquence de l’hétérogénéité des pluies de ces derniers mois.
Concernant les nappes réactives des deux-tiers nord et du sud-ouest, les situations se maintiennent par rapport à décembre ou s’améliorent sur les secteurs très arrosés du Massif armoricain et de l’ouest du Massif central. Elles sont excédentaires, avec des niveaux généralement modérément hauts à très hauts et elles restent comparables aux normales sur le centre du Massif central (Limagne et volcans), ces secteurs étant moins réactifs. Les nappes réactives du socle du sud-est du Massif armoricain demeurent à des niveaux très hauts depuis mai 2024. Ces nappes ont pu participer aux inondations observées en janvier en Bretagne, soit directement en débordant ou en contribuant à l’alimentation de cours d’eau déjà en crue, soit indirectement en limitant l’infiltration des pluies et l’évacuation des eaux.
Sur le sud-est, l’impact des pluies déficitaires de ces trois derniers mois se fait ressentir. La situation est moins satisfaisante avec des niveaux modérément bas à proches des normales. Les situations locales peuvent être hétérogènes. Ainsi, les niveaux sont au-dessus des normales sur l’amont (nord) des nappes du socle et des calcaires du Massif central et se dégradent pour devenir modérément bas à bas au sud (bordure cévenole et Montagne noire). Quelques situations locales restent également fragiles, avec des niveaux bas, sur les nappes de Provence et sur la partie amont de la nappe de l’Astien de Valras-Agde.
Les nappes de la plaine du Roussillon et du Massif des Corbières enregistrent toujours des niveaux bas à très bas. Les précipitations de ces derniers mois sont très insuffisantes pour compenser les déficits pluviométriques accumulés depuis près de 3 ans sur les Pyrénées-Orientales.
Enfin, les pluies excédentaires de janvier ont permis d’engendrer des recharges des nappes de Corse. Le contraste entre la Corse occidentale et orientale s’atténue. Quelques points enregistrent encore des niveaux bas à très bas sur les plaines littorales du Tarco et du Fium’Orbu.
Nappes présentant des situations excédentaires
Plusieurs nappes présentent des situations excédentaires, avec des niveaux hauts à très hauts par rapport aux mois de janvier des années antérieures :
- L’état des nappes mixtes à inertielles de l’amont (est et sud) du Bassin parisien continue de s’améliorer lentement et les niveaux sont hauts à très hauts ;
- Les nappes réactives du socle du sud-est du Massif armoricain sont soutenues par les pluies fréquentes et restent à des niveaux très hauts depuis mai 2024 ;
- Les nappes réactives du socle de la Combraille et du plateau de Millevaches et des calcaires jurassiques du seuil du Poitou à la Brenne et du Berry observent des niveaux hauts.
Nappes présentant des situations peu favorables
Plusieurs nappes présentent des situations peu favorables avec des niveaux modérément bas à très bas par rapport aux mois de janvier des années précédentes :
- Les nappes du pourtour méditerranéen, du Languedoc à la Provence, observent des niveaux modérément bas voire localement bas après trois mois de pluies déficitaires ;
- Les niveaux des calcaires karstifiés du massif des Corbières sont en hausse mais restent bas ;
- L’état des nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon demeure critique, avec des niveaux bas à très bas, malgré des niveaux stables ou en hausse.
Comment les nappes se rechargent-elles et comment se vident-elles ?
Le niveau des nappes varie au cours de l’année, entre des niveaux hauts l’hiver (quand la végétation n’absorbe pas l’eau des pluies) et des niveaux bas l’été (période classique de vidange des nappes).
Le devenir d'une pluie est très différent selon la période de l'année et l'état de la surface sur laquelle elle tombe. Traditionnellement, la période de recharge des nappes s'étend du début de l'automne (septembre - octobre) au début du printemps (mars - avril), semestre durant lequel la végétation est en sommeil (avec une évapotranspiration faible) et les précipitations sont en principe plus abondantes. Si l'hiver est sec, la recharge des nappes est très faible.
À partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures, la reprise de la végétation, et donc l’augmentation de l’évapotranspiration, limitent l’infiltration des pluies vers les nappes. Entre mai et octobre, sauf événements pluviométriques exceptionnels, la vidange des nappes se poursuit habituellement et les niveaux continuent de baisser jusqu’à l’automne.
Pourquoi certaines nappes se rechargent-elles plus vite que d'autres ?
Les nappes s'écoulent plus ou moins rapidement selon la porosité (pourcentage de vides dans la roche) et la perméabilité (capacité à laisser circuler l’eau – connexion entre ces vides) des aquifères. Plus les vides sont importants, grands et reliés entre eux, plus la nappe s’écoulera vite, et plus elle se remplira, mais aussi se videra vite.
Un même volume d’eau peut parcourir une même distance :
- en quelques années en milieu poreux,
- en quelques mois en milieu fissuré,
- et en quelques jours, voire quelques heures, en milieu karstique.
Nappes inertielles, nappes réactives : de quoi s'agit-il ?
L'impact de la qualité de la recharge hivernale est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.
On parle de nappes :
- réactives (dans des aquifères constitués de sables, graviers, calcaires karstiques, granites altérés). Elles se distinguent par des réactions rapides : elles peuvent se recharger lors de fortes pluies estivales, mais ont également une sensibilité importante à la sécheresse. Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison.
- inertielles (dans des aquifères constitués de craie, calcaire non karstique, grès). Leurs réactions sont lentes. Leur cyclicité peut être pluriannuelle, c’est-à-dire qu’elles nécessitent une longue période pour se recharger ou se vidanger.

Cyclicité des nappes d'eau souterraine en France hexagonale.
© BRGM
Prévisions
Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de février, mars et avril 2025 privilégient un scénario plus chaud sur l’ensemble du territoire et plus sec que la normale sur la moitié sud du territoire et la Corse. Aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations sur le nord du territoire.
Concernant les nappes inertielles, les pluies hivernales devraient continuer à s’infiltrer lentement, permettant aux situations de s’améliorer graduellement. Les situations des nappes devraient se maintenir ou s’améliorer en février.
Concernant les nappes réactives, les pluies enregistrées fin janvier et début février, notamment sur le sud-est, devraient engendrer un épisode de recharge. En cas de cumuls pluviométriques importants, de fortes remontées de niveaux pourraient être enregistrées sur les nappes les plus réactives (socle, calcaires karstiques, alluvions). Le Languedoc et la Provence ont été particulièrement arrosés et la situation des nappes devrait s’améliorer en début de février. Cependant, en cas de précipitations insuffisantes sur le reste du mois, la recharge devrait ralentir et se mettre en pause sur les nappes réactives concernées et les situations pourraient se dégrader plus ou moins rapidement.
A plus long terme, les tendances et donc l’évolution de l’état des nappes jusqu’au printemps et la reprise de la végétation dépendront des pluies infiltrées, et donc des cumuls pluviométriques, et du temps de réponse de la nappe (réactivité / inertie). Les prévisions restent cependant confiantes quant à l’absence de sécheresse hivernale sur la quasi-totalité du territoire où les nappes affichent actuellement des niveaux au-dessus des normales mensuelles.
L’état des nappes inertielles de l’Artois, du Bassin parisien, du Sundgau (sud Alsace) et du couloir Rhône-Saône devrait continuer à s’améliorer lentement ou rester stable dans les prochaines semaines. Les niveaux du printemps 2025 seront très probablement satisfaisants, proches à très au-dessus des normales. Les prévisions sont plus incertaines pour la nappe du Bas-Dauphiné : les niveaux pourraient rester modérément bas voire se dégrader si les prévisions saisonnières de Météo-France se confirment, ou bien remonter à des niveaux conformes aux normales en cas de pluies excédentaires.
Concernant les nappes réactives, ce début de recharge hivernale permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver sur une grande partie nord et sud-ouest du territoire. Sur le sud-est, le retour à des niveaux au-dessus des normales sera possible en cas d’épisodes pluviométriques bien répartis dans les prochains mois. La fonte des neiges pourra également recharger certaines nappes. Cependant, les situations des nappes réactives peuvent évoluer rapidement et les prévisions resteront incertaines jusqu’à la fin de l’hiver. En effet, les niveaux de l’été 2025 dépendront d’une recharge abondante durant l’hiver et perdurant durant le printemps, afin de repousser le début de la période de vidange. Enfin, il semble difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes de la plaine du Roussillon sur les prochains mois. Les niveaux devraient rester sous les normales jusqu’au printemps et même sous des niveaux bas à très bas pour la nappe profonde des sables pliocènes.
Le risque à court terme d’inondations par remontée de nappe semble s’éloigner sur les nappes réactives. Il n’est cependant pas inexistant car il dépend des pluies récentes. Concernant les nappes inertielles du Bassin de l’Artois et du Bassin parisien, le risque reste présent pour la fin d’hiver et le début du printemps si les cumuls pluviométriques des prochains mois s’avèrent excédentaires. Les niveaux globaux actuels sont toutefois en-dessous de ceux de janvier 2001. La nappe mixte des calcaires et sables tertiaires de la Brie au Tardenois enregistre des niveaux très hauts en janvier et pourrait atteindre des niveaux historiquement hauts d’ici la fin de l’hiver. Une surveillance accrue est préconisée sur ces secteurs pour les semaines à venir.
Prochain bulletin sur le niveau des nappes d'eau souterraine
Notre bulletin sur la situation des nappes d'eau souterraine paraît désormais tous les mois, en milieu de mois.
La prochaine édition sortira à la mi-mars 2025.

État des nappes d’eau souterraine : un suivi assuré par le BRGM
L’eau souterraine est une ressource très utilisée : en France hexagonale, elle représente près des deux tiers de la consommation d’eau potable et plus du tiers de celle du monde agricole. Elle est aussi largement exploitée dans le secteur industriel. Les nappes d’eau souterraine dépendent de recharges cycliques.
Le BRGM assure la surveillance du niveau des nappes phréatiques et de la qualité des eaux souterraines en France hexagonale. Découvrez les actions menées par le service géologique national et les ressources et bases de données disponibles sur l'eau souterraine en France.
Contact presse

Carte établie le 7 février 2025 par le BRGM, à partir de données de la banque ADES acquises jusqu’au 31 janvier 2025.
Source des données : banque ADES (ades.eaufrance.fr) / Hydroportail (hydro.eaufrance.fr) / Fond de carte © IGN. Producteurs de données et contribution : APRONA, BRGM, Conseil Départemental de la Vendée, Conseil Départemental des Landes, Conseil Départemental du Lot, EPTB Vistre Vistrenque, Parc Naturel Régional des Grandes Causses, Syndicat Mixte d’Etudes et de Travaux de l’Astien (SMETA), Syndicat Mixte pour la protection et la gestion des nappes souterraines de la plaine du Roussillon (SMNPR).
Cette carte présente les indicateurs globaux traduisant les fluctuations moyennes des nappes. Ils sont établis à partir des indicateurs ponctuels relevés au niveau des points de surveillance du niveau des nappes (piézomètres).
L'indicateur "Niveau des nappes" compare le mois en cours par rapport aux mêmes mois de l’ensemble de la chronique, soit au minimum 15 ans de données, et jusqu'à plus de 100 ans. Il est réparti en 7 classes, du niveau le plus bas (en rouge) au niveau le plus haut (en bleu foncé).
Les zones grises correspondent à des secteurs sans nappes libres, c'est-à-dire avec une couche imperméable ou semi-perméable au-dessus de la nappe, et/ou des secteurs comportant une très faible densité de points de suivi. Ce dernier cas concerne notamment les zones montagneuses dont les nappes sont petites et hétérogènes.
L'indicateur "Évolution des niveaux" traduit la variation du niveau d'eau du mois échu par rapport aux deux mois précédents (stable, à la hausse ou à la baisse).
Ces indicateurs globaux rendent compte de situations et de tendances générales et ne tiennent pas compte d'éventuelles disparités locales.