La réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris le 7 décembre 2024 n’aurait pas été possible si des pierres de remplacement n’avaient pu être trouvées aussi rapidement et en grande quantité.
6 décembre 2024
Cathédrale de Notre-Dame en cours de restauration, 4 ans après l'incendie de 2019 (Paris, mai 2023).

Cathédrale de Notre-Dame en cours de restauration, 4 ans après l'incendie de 2019 (Paris, mai 2023).

© BRGM - Aude Rouger-Loiseau

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en avril 2019, a engendré des travaux de restauration importants, avec des besoins hors norme en pierres "neuves" pour remplacer les pierres d’origine endommagées.

Les responsables du chantier ont fait face à une priorité inédite : garantir l’approvisionnement en pierres de remplacement adaptées et disponibles en quantité suffisante. Et à une question cruciale : où les trouver ?

Le BRGM, service géologique national français, en lien étroit avec notamment l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris (RNDP), les architectes et le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), a trouvé des solutions pour sécuriser cet approvisionnement dans des délais extrêmement courts.

La difficulté à trouver des pierres de remplacement pour les monuments historiques

En France, le nombre de carrières de pierres de construction est en constante diminution depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Il reste aujourd’hui moins de 500 exploitations en activité. Seule une moitié extrait des calcaires, l’autre moitié étant constituée de granites, grès et autres roches.

Les chantiers de restauration des monuments historiques et autres bâtiments anciens se trouvent ainsi confrontés à une difficulté croissante pour trouver les "bonnes pierres de remplacement", c’est-à-dire des pierres analogues d’un point de vue physico-mécanique et esthétique, aux pierres d’origine des édifices.

Un chantier aux besoins hors norme

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris d’avril 2019 a causé de très importants dommages aux pierres d’origine de l’édifice. Le chantier de restauration a ainsi nécessité un volume de pierres de remplacement sans commune mesure : environ 1000 mètres cubes (m3) de blocs "finis", contre jusqu’à quelques dizaines de m3 au maximum pour les chantiers "ordinaires" d’entretien et de restauration de monument.

Ce volume hors norme en pierres "neuves" devait en outre être mis à disposition du chantier dans un délai et selon un calendrier particulièrement contraints au vu de l’ampleur des travaux. Enfin, les pierres de remplacement attendues devaient présenter des caractéristiques physico-mécaniques et esthétiques précises.

Front de taille d'une carrière

Front de taille d'une carrière extrayant de la pierre calcaire.

© BRGM - S. Andrieu

Neuf carrières passées au peigne fin

Face à cet enjeu de maîtrise de l’approvisionnement, une première action conduite par le BRGM en 2020-2021 a permis d’évaluer la capacité des neuf carrières encore actives de calcaire du Lutétien à fournir certains types de pierres compatibles avec les pierres d’origine de la cathédrale.

Pour ce faire, chaque carrière a fait l’objet d’investigations de terrain par les géologues du BRGM. Des analyses en laboratoire ont été réalisées. L’ensemble de résultats ont été restitués sous la forme d’un guide méthodologique de sélection des pierres pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris accompagné d’une collection d’échantillons de référence à destination des architectes.

Concernant les pierres les plus dures, représentant de loin les plus gros besoins du chantier de Notre-Dame avec environ 750 m3 de blocs taillés, seule une carrière, celle de la Croix-Huyart à Bonneuil-en-Valois dans l’Oise, s’est avérée renfermer un banc de roche suffisamment haut.

Sécuriser et contrôler les pierres fournies

L’établissement public RNDP et le BRGM ont rapidement, dès mi-2021, lancé une seconde action focalisée sur la sécurisation de l’approvisionnement du chantier en pierres dures de la Croix-Huyart. Une procédure rigoureuse et particulièrement novatrice a été élaborée puis appliquée par le BRGM, s’appuyant sur des contrôles de qualité, de conformité et de traçabilité de la pierre.

Sur une période s’étalant de mars 2022 à mars 2024, près de 90 contrôles ont été menés par le BRGM.

L’édifice est désormais paré de pierres "neuves" juxtaposées à des pierres mises en œuvre il y a plusieurs siècles, sans que les futurs visiteurs ne puissent à l’œil nu distinguer le "vieux" du "neuf".