Les informations publiées sur les réseaux sociaux pendant les catastrophes naturelles sont précieuses pour la recherche… à condition que leur traitement puisse être automatisé.
13 août 2024
Experts de PREDICT-Services (spécialiste de la gestion des risques et partenaire du projet RéSoCIO) veillant l’activité des réseaux sociaux.

Experts de PREDICT-Services (spécialiste de la gestion des risques et partenaire du projet RéSoCIO) veillant l’activité des réseaux sociaux.

© BRGM - Samuel Auclair

Certaines catastrophes naturelles touchent de larges territoires en quelques heures (crues éclair ou boues torrentielles comme à la Bérarde en Isère le 20 juin 2024) ou quelques secondes (séismes) seulement. Elles plongent les acteurs de la gestion de crise (préfectures, mairies, services de secours…) dans le flou quant à l’état exact de la situation. De la remontée d’informations depuis le terrain jusqu’à l’analyse et la prise de décisions, il existe alors une forte inertie.

Des capteurs humains sur le terrain grâce aux réseaux sociaux

Pour y remédier, et permettre aux acteurs de comprendre plus rapidement la situation sur place, les réseaux sociaux peuvent constituer de précieux alliés. En captant les témoignages échangés sur ces réseaux par les sinistrés et les témoins directs, on peut en extraire en temps réel de l’information utile.

Cela nécessite de développer des outils numériques capables d’analyser automatiquement les réseaux sociaux, pour les filtrer et en extraire des informations potentiellement utiles.

Géolocalisation des tweets faisant état d’un séisme le 11 novembre 2019, lors du séisme qui a ravagé la commune de Teil en Ardèche.

Géolocalisation des tweets faisant état d’un séisme le 11 novembre 2019, lors du séisme qui a ravagé la commune de Teil en Ardèche.

© Suricate-Nat

Une IA alimentée par les données de X/Twitter

C’est le constat que des scientifiques ont dressé en 2020, au sein d’une équipe interdisciplinaire comprenant le BRGM, IMT Mines Albi, l’Université Paris-Dauphine et la société PREDICT-Services, et qui a donné lieu au démarrage en 2021 du projet RéSoCIO, soutenu par l’Agence nationale de la recherche.

Le projet RéSoCIO s'appuyait sur l'API (interface de programmation d’application) de Twitter (devenu X depuis) pour automatiser la collecte des données, qui devaient ensuite être analysées via des techniques d’intelligence artificielle (IA).

Des données de moins en moins accessibles

Jusqu'à début 2023, Twitter permettait à chacun d’utiliser une partie de ses données de façon totalement gratuite, notamment dans le cadre de recherches académiques.

Depuis son rachat par Elon Musk, Twitter, devenu X, a effectué la mue à marche forcée de son modèle économique. Cela s’est traduit par la suppression pure et simple de son API gratuite, remplacée par des solutions payantes à des prix rédhibitoires.

À l’heure où les plateformes sociales se targuent, à l’image de Meta, société mère de Facebook, de politiques de type "data for good" pour favoriser les initiatives utiles aux sociétés, il apparaît nécessaire de garantir un accès privilégié aux données des réseaux sociaux non seulement aux chercheurs, mais également aux développeurs d’outils présentant un fort impact social… mais pas forcément de viabilité financière.