Au cours des dix dernières années, des recherches archivistiques ont montré qu’environ 1,7 millions de tonnes de munitions en surplus sont restées abandonnées à l’issue de la guerre dans des dépôts, sur le front comme à l’arrière.
9 novembre 2020
Déminage de la carrière souterraine de Vaucottes

Déminage de la carrière souterraine de Vaucottes (Seine-Maritime, France, 2004).

© BRGM - Patrick Lebret

Avec la démobilisation des militaires, ces dépôts sont de moins en moins bien gardés. Exposés aux intempéries et aux cycles diurne/nocturne, les engins rouillent, perdent leurs marques distinctives et deviennent instables. Les munitions chimiques fuient. Inévitablement, des accidents se produisent, semant la stupeur et l’effroi parmi des populations inscrites dans une douloureuse et laborieuse démobilisation des consciences sur fond de reconstruction matérielle, agricole et industrielle.

Un défi colossal au lendemain de la guerre

La neutralisation de cet arsenal hérité de la guerre s’est rapidement imposée comme non seulement une nécessité mais aussi une urgence. Jamais encore dans l’histoire les hommes n’ont eu à éradiquer en si peu de temps des montagnes de projectiles d’une incroyable diversité. Par où alors commencer ? Il a fallu prioriser les actions et hiérarchiser les degrés d’urgence d’intervention. Ce sont d’abord les armées encore mobilisées, françaises, américaines, qui s’y attellent en 1919 en détruisant les munitions par éclatement en tas et à distance (« pétardement »). Les grenades sont éclatées dans des trous d’obus remplis d’eau. Les troupes noires américaines sont mobilisées, ainsi que les travailleurs indochinois (« annamites ») et prisonniers de guerre, pour la sale besogne.