Dans le cadre du projet européen POCRISC, qui vise à promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées, un exercice a été organisé autour de la ville de Tarbes le 19 novembre 2021.
1 décembre 2021

Retour d'expérience sur l'exercice de crise POCRISC

Dans le cadre du projet européen POCRISC, dont le BRGM était partenaire et qui visait à promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées, un exercice de crise a été organisé autour de la ville de Tarbes le 19 novembre 2021. Retour d'expérience sur cet exercice grandeur nature coordonné par le BRGM.

© POCRISC

Samuel Auclair, sismologue au BRGM et responsable de l'organisation de l'exercice POCRISC, qui a permis, en fin de projet, de tester tous les développements réalisés pendant quatre ans pour améliorer la gestion de crise en cas de séisme. Pendant cet exercice, nous avons pu tester dans un environnement réaliste, mobilisant un grand nombre d'acteurs français, espagnols et andorrans, la contribution de ces développements à la gestion de crise.

Je m'appelle Rosa Mata Frances, je suis la responsable des opérations territoriales et logistiques de la direction générale de la protection civile de Catalogne. Et je suis responsable de coordonner la participation de la protection civile de Catalogne dans ce projet. Nous avons travaillé principalement dans deux actions, dans l'action d'évaluation des dommages subis par les bâtiments, où nous avons contribué au développement d'un questionnaire qui permet aux différents techniciens du terrain de collecter les dommages post-sismiques des bâtiments de façon homogène, en travaillant tous de la même façon. Et surtout, nous avons contribué à la conception de l'application qui permet de collecter ces données sans avoir à le faire sur papier.

Nous représentons une association qui s'appelle ACE qui voudrait pouvoir faire le même travail que celui de l'association AFPS en France, l'Association française du génie parasismique, qui apporte une aide lors des crises sismiques au niveau des évaluations. On est intervenu dans l'édition des guides, des guides pour évaluer la vulnérabilité sismique des bâtiments, quels dommages potentiels ils pourraient subir en fonction du type de bâtiment. Si ce sont des bâtiments anciens, ou à structure bétonnée ou métallique, etc. Et en fonction de ce type structurel, estimer quels dommages ils peuvent subir. Et aussi, parmi ces guides, qui sont une des puissantes actions du projet POCRISC, il y a aussi des guides, par exemple, sur comment équiper les bâtiments pour voir leur comportement dynamique, voir comment ils réagissent face à un séisme, ou comment il faudrait les renforcer pour qu'ils supportent un tremblement de terre.

Nous avons essayé de créer une application sur laquelle nous avons travaillé et qui s'est développée dans ce projet. Elle permet de collecter ces données enregistrées par les différents techniciens dans un format homogène, centralisé, pour qu'elles puissent être envoyées, traitées et analysées à un moment donné depuis un centre de coordination d'urgences.

Nous, en fait, on est là pour voir comment marche l'outil à travers DeveryWare, de pouvoir faire les analyses des bâtiments, de la vulnérabilité de ces structures au niveau des bâtiments et aussi, avoir les renseignements en cas de séisme. D'avoir ces renseignements de première main rapidement. Nous avons toute une structure organisée derrière qui est vraiment connectée entre différentes communes. Pour nous, c'est très important de voir cette relation qu'il y a eu, et aussi, de voir les différentes cellules au niveau des bâtiments. La cellule qui faisait l'analyse des bâtiments, nous avons vu qu'il y a une très bonne coordination, et à travers l'application qui a été créée par POCRISC, d'avoir cette application, ça va nous aider à gérer la situation de crise par rapport à la cellule de crise, avoir les renseignements, et surtout, les gens qui vont faire les évaluations sur le terrain, la communication va être très bonne et ça va nous aider à planifier, à nous organiser, à gérer mieux la situation de crise.

Une autre action importante qui s'est développée dans le projet est la simulation, pour pouvoir, quand vient le moment du séisme, faire une première estimation des dommages subis, qui permet aux gestionnaires des urgences d'avoir une première vision de ce qui a pu se passer, potentiellement, et qu'on doit ensuite confronter à la réalité.

Aujourd'hui, on a passé une journée sur une modélisation de séisme de grande ampleur. C'est quelque chose qui a demandé une préparation relativement longue. Et on a accueilli sur deux sites mis à disposition quelques 80 pompiers qui ont travaillé pendant 5 heures d'affilée pour, au final, sortir 20 personnes de décombres. Bien évidemment, c'étaient des victimes fictives. Cet exercice, je vous dirais au même titre que tous les autres, est important puisqu'on ne pourra être on ne peut plus efficaces que si on s'entraîne. Celui-là, il était particulier par rapport aux autres du fait de son dimensionnement. Il faisait suite à cet événement fictif de grande ampleur. On était un peu dans la continuité de tout ce qu'on a pu connaître dans la journée. On a travaillé avec nos collègues du SDIS64 et nos collègues andorrans, ce qui est peu habituel malgré tout. On a découvert de nouveaux outils de travail qui ne pourront qu'améliorer nos méthodes, et de fait, améliorer la prise en compte des victimes. C'est notre finalité et la finalité également de ce projet.

C'est un exercice très intéressant parce qu'on a pu voir comment se structurer, s'organiser. On a vu les points forts et les points faibles. Avoir cette vision comme on a pu avoir aujourd'hui, ça nous permet de structurer, d'améliorer notre plan opérationnel.

Nous avons pu, d'une part, mettre à l'épreuve les outils que nous avons développés au sein du projet, et d'autre part se connaître en personne entre les différents participants, d'échanger nos opinions et nos expériences sur comment chacun travaille, et au bout du compte, apprendre un peu les uns des autres.

Le retour d'expérience tiré de cet exercice va maintenant nous permettre de progresser à la fois pour améliorer les outils mis en place dans le cadre du projet, mais également collectivement, être en mesure de mieux faire face à un séisme qui surviendrait demain dans les Pyrénées.

Simuler un séisme de magnitude 5,9 et tester la gestion de crise : c’était l’objectif de l’exercice sismique grandeur nature coordonné par le BRGM, le 19 novembre 2021 autour de Tarbes (Hautes-Pyrénées).

Chaque année sont enregistrés dans les Pyrénées des centaines de séismes, heureusement le plus souvent imperceptibles et sans dommages. Par le passé, des séismes très destructeurs sont survenus dans le massif, conduisant le zonage sismique réglementaire à qualifier l’aléa sismique de modéré à moyen (le plus fort niveau observé en Métropole). Dans ce contexte, le projet POCRISC, financé par le fond européen POCTEFA et dont le BRGM est partenaire, s’intéresse à promouvoir une culture commune du risque sismique dans les Pyrénées :

  • en développant des approches partagées pour l’évaluation du risque pour les services chargés de la prévention,
  • en favorisant la diffusion d’une information commune aux autorités locales et au grand public,
  • et en fournissant des outils pour aider à la décision adaptée aux besoins des gestionnaires des crises.

Plus de 200 personnes mobilisées en provenance de la France, de l’Espagne et de l’Andorre

L’exercice sismique avait pour but de tester, dans des conditions réalistes, l’apport en appui à la gestion de crise des outils et méthodologies développés par les partenaires du projet POCRISC depuis 3 ans. Ces outils visent :

  • l’estimation rapide des effets du séisme,
  • la compréhension et la surveillance des répliques,
  • le diagnostic bâtimentaire d’urgence.

L’exercice comportait à la fois des actions cadre "sur table", jouées à l’École nationale d'ingénieurs (ENIT) de Tarbes avec la Préfecture des Hautes-Pyrénées, et des actions sur le terrain :

  • des équipes mixtes, composées à la fois de sapeurs-pompiers français, espagnols et andorrans, et d’experts de l’Association française du génie parasismique (AFPS) et de son homologue catalane (ACE), ont simulé la conduite de diagnostics bâtimentaires d’urgence ;
  • des unités de sauvetage-déblaiement (USAR) françaises des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, appuyées de renforts andorrans, ont réalisé des opérations de recherche, d’extraction des décombres et de secours aux victimes dans un ancien site industriel ;
  • la commune de Séméac a testé pour la première fois l’activation de son Plan Communal de Sauvegarde (PCS).

Au total, cette action de préparation à la gestion de crise a mobilisé plus de 200 personnes en provenance de la France, de l’Espagne et d’Andorre

L’exercice a été précédé, le 18 novembre 2021, d’une conférence en soirée à destination des élus des Hautes-Pyrénées, qui a notamment été marquée par le témoignage du directeur général des services de la ville du Teil, en Ardèche, touchée le 11 novembre 2019 par un violent séisme.

Exercice de sauvetage-déblaiement sur la commune de Séméac dans une friche industrielle

Notre Plan Communal de Sauvegarde demeurait un support de risque aux probabilités aléatoires. S'agissant du risque séisme, il ne faisait pas l'objet d'une attention particulière jusqu'à la mise en œuvre de cet événement en conditions réelles. Aujourd’hui, il devient un outil que chacun pourra s'approprier.

Christine Barraud, 3ème adjointe au maire de Séméac, en charge de cet exercice sismique