Afin de mieux comprendre le phénomène sismo-volcanique qui affecte Mayotte depuis un an et demi, le BRGM va entreprendre une série de mesures sismiques et magnéto-telluriques.
26 février 2020
Reliefs sous-marins au large de Mayotte, relevés dans le cadre des missions océanographiques menées autour de la naissance d'un nouveau volcan sous-marin

Reliefs sous-marins au large de Mayotte, relevés dans le cadre des missions océanographiques menées autour de la naissance d'un nouveau volcan sous-marin (Mayotte, 2019). 

© Campagne MAYOBS2 

Depuis le 10 mai 2018, plusieurs milliers de séismes de petite et moyenne magnitude ont été recensés sur l’île de Mayotte, dont la plus forte secousse enregistrée dans la zone des Comores. Les études à terre et les campagnes de mesures en mer menées en 2019 ont fait apparaitre un important édifice volcanique sous-marin à 50 kilomètres des côtes mahoraise. 

Afin de mieux comprendre le phénomène, le BRGM, organisme public géoscientifique disposant d’une délégation régionale à Mayotte, va entreprendre pendant deux semaines une campagne de tomographie sismique sur la base d’une série de tirs maitrisés de charges explosives enfouies dans le sol, sur une ligne Est-Ouest traversant l’île de Mayotte. Le long de ce profil, 80 géophones seront installés afin de déterminer la vitesse des ondes et leur distribution dans les premiers kilomètres du sous-sol. Dix séismographes de fond placés au large des côtes compléteront le dispositif. Intitulé REFMAORE, cette campagne scientifique de grande échelle s’inscrit dans le cadre des actions des pouvoirs publics pour comprendre la sismicité de Mayotte. Les résultats seront mis à disposition du Réseau de Surveillance Volcanologique et Sismologique, dont le BRGM fait partie, en charge de la surveillance du phénomène. 

Cette campagne de mesures va permettre d’imager précisément les vitesses de propagation des ondes dans le sol, d’en estimer la variation, et ainsi améliorer la connaissance du sous-sol sous l’ile et en mer. Ces données permettront de calibrer les modèles qui permettent de détecter et localiser les séismes à partir de mesures venant des stations à terre, et de suivre l’évolution du phénomène avec une plus grande précision. 

Mieux cerner les transports de fluides souterrains 

En parallèle, le BRGM va entreprendre des mesures très fines du champ magnétique terrestre naturel à la surface du sol par la pose d’une quinzaine de stations de mesures. Disposées sur une chaine Nord-Sud et Est-Ouest complète, ces stations permettront de modéliser les légères différences du champ magnétique afin d’imager les différentes entités qu’il traverse à des profondeurs de 50 à 100 kilomètres. 

Des mesures similaires ont déjà été réalisées à Petite-Terre en 2019 et ont permis de déceler la présence de corps géologiques conducteurs à de grandes profondeurs. Des mesures en mer sont également en cours. En amplifiant le dispositif (baptisé MAY-MT), le BRGM cherche à savoir si de telles formations existent également sous l’île et se prolongent jusqu’au volcan sous-marin détecté à 50 kilomètres des côtes. Les mesures permettront d’avoir une connaissance plus complète de l’ensemble du système géologique à l’origine des séismes. La campagne ne durera que quelques jours et les stations de mesures seront ensuite intégralement relevées.