La mer, le climat et l’action de l’homme contribuent à attaquer les côtes qu’il faut surveiller ou protéger pour préserver la sécurité des habitants et le patrimoine naturel. Etat des lieux de la recherche où le BRGM joue un rôle prépondérant.
2 juillet 2003
Couverture du dossier

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© BRGM 

Avec plusieurs milliers de kilomètres de côtes de sables ou de falaises et un “ trait de côte “ qui bouge, se déplace et modifie les paysages, la France est un pays sensible à l’érosion.

L’envasement de baies et de ports, l’érosion ou l’ensablement de certaines côtes, l’effondrement de falaises peuvent avoir des conséquences importantes en terme de sécurité, d’économie ou de vie quotidienne pour les riverains. Mais l’érosion est un phénomène naturel activé par la mer, la pluie, le gel ou le vent, contre lequel il est difficile de se battre. À cela il faut rajouter la main de l’homme : l’aménagement des bassins versants, la construction de barrages, de ports ou de digues peuvent accélérer, aggraver ou modifier ce phénomène naturel. 

Anticiper les effondrements  

L’Etat, les collectivités locales et tous les aménageurs sont demandeurs d’expertise, notamment au nom du principe de précaution. À défaut de pouvoir stopper l’érosion, on peut en étudier les conséquences, calculer l’impact des aménagements humains, prévenir les risques et les menaces. Dans certaines régions, les falaises représentent des risques potentiels importants. 

Le programme européen ROCC (Risks of Cliff Collapse) a permis d’étudier 140 kilomètres de côtes et de falaises de craies de Haute-Normandie et de Picardie et de déterminer les secteurs les plus sensibles, comme à Criel-sur-Mer. 

C’est dans ce petit village du Pays de Caux que le BRGM a lancé le volet français du programme européen PROTECT (Prédiction of the Erosion of Cliffed Terrains) en partenariat avec l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) et la DDE de Seine-Maritime. Il s’agit, selon Jean-Christophe Gourry, responsable de ce programme au BRGM, de "surveiller et de détecter les signes précurseurs des effondrements et de comprendre les facteurs déclenchant" avec comme objectif la création d’outils d’alerte et de surveillance des falaises les plus dangereuses.  

Mettre au point des outils 

Le 23 juin 2002, 2 000 m3 de falaises s’effondraient au centre de la zone d’expérimentation et validaient ainsi la démarche d’instrumentation. En effet, quinze jours avant la chute de la falaise, le BRGM enregistrait une légère augmentation de la pression verticale en pied de falaise et 18 heures avant la catastrophe, l’énergie des craquements était 10 fois plus importante que celle des signaux des jours précédents. 

Ces premiers résultats peuvent donc laisser penser que les signes précurseurs d’un affaissement sont nombreux et détectables très tôt, ce qui permettra, peut-être, de les prévoir et donc de déclencher des alertes appropriées. Une fois validés, ces résultats permettront d’intervenir dans d’autres régions et sur d’autres types de falaises comme au Pays Basque entre Hendaye et Biarritz, sur les falaises littorales de la Réunion ou dans les calanques entre Marseille et La Ciotat où l’on trouve les plus hautes falaises de France. 

Enjeux des géosciences