Une évaluation du potentiel géologique profond du fossé rhénan supérieur
28.04.2015Projet Interreg sur cinq ans réunissant les compétences des services géologiques allemands du Bade- Wurtemberg (LGRB) et de la Rhénanie-Palatinat (LGB), de l’université de Bale et du BRGM, GeORG s’est achevé en mars 2013. "Le principal objectif de ce projet, explique Laure Capar, responsable du projet GeORG, était d’une part l’harmonisation des données de tous les partenaires et d’autre part la modélisation en trois dimensions de la structure géologique du Fossé rhénan jusqu’à une profondeur de quelques kilomètres, afin d’évaluer les possibilités d’utilisation de ses ressources profondes dans le contexte du changement climatique et de la transition énergétique. Le caractère transfrontalier de cette démarche a permis de s’affranchir des frontières politiques et de considérer l’objet géologique dans son ensemble, chaque contributeur apportant son expérience dans son domaine d’excellence".
Un modèle 3D du fossé Rhénan
Dans quelle mesure la géothermie peut-elle contribuer à fournir à l’avenir de la chaleur et à produire de l’électricité et quelles sont les zones les plus propices ? Où est-il potentiellement envisageable de stocker l’énergie provenant de ressources renouvelables ? Existe-t-il des formations géologiques propices au stockage du CO2 ? Telles sont les questions auxquelles les chercheurs des trois pays se sont attachés à répondre en commençant par réunir puis harmoniser une grande quantité de données dispersées.
Modèle géologique 3D du fossée rhénan supérieur. © BRGM
Le BRGM, grâce aux travaux liés à son installation-pilote de production électrique d’origine géothermique à Soultz-sous-Forêt, dans le Bas-Rhin, disposait sur cette zone d’un grand nombre de données sur les anomalies de chaleur entre 500 et 800 m. Elles ont été mises à profit dans la première phase de nos travaux, consistant à collecter toutes les informations géologiques existantes, issues notamment de la sismique réflexion, des forages pétroliers, des forages profonds à partir de 100 mètres, sans oublier toutes les études et la littérature produites sur le sujet.
C’est sur la base de ces informations, après leur harmonisation avec les données suisses et allemandes, qu’a pu être élaboré un modèle géologique 3D du Fossé rhénan supérieur, porteur d’informations sur le géopotentiel de la zone grâce aux données de température, de porosité et de perméabilité (émanant des forages) qui lui étaient associées.
Classes de températures par usage géothermique à l'horizon géologique du toit du Buntsandstein.
Une centaine de cartes de potentiels
"C’est la première fois que nous disposons d’une vision globale en trois dimensions du Fossé rhénan supérieur. Grâce à ce modèle, nous avons pu déterminer des zones plus favorables que d’autres aux objectifs que nous visions. Une centaine de cartes interactives, correspondant à autant d’horizons géologiques ont ainsi pu être produites. Elles répertorient à différentes profondeurs les potentialités en températures, en stockage de gaz issu d’énergies renouvelables et en stockage de CO2, et sont d’ores et déjà consultables par le public et par leurs utilisateurs potentiels, services de l’État, collectivités et opérateurs énergétiques et de l’aménagement du territoire, sur www.geopotenziale.org. Ces cartes ont vocation à servir de base à la planification future d’investissements en faveur du développement d’activités énergétiques, en particulier la géothermie dont le potentiel, nos travaux l’ont montré, est significatif".
Les cartes de potentiels issues du projet GeORG sont consultables sur le site www.geopotenziale.org
Précisons que l’ensemble des données du projet GeORG a contribué à la réalisation du démonstrateur "Fossé rhénan" du Référentiel géologique de la France (RGF).
2014 verra la montée en puissance d’un autre projet européen transfrontalier de même nature, GeoMol, visant l’évaluation des ressources naturelles dans les bassins d’avantchaîne alpins, via la réalisation d’un modèle géologique 3D du bassin molassique, en partenariat avec les services géologiques autrichiens, français (BRGM), allemands, italiens, slovènes et suisses.