Sur financement de la Banque mondiale, le BRGM a réalisé un levé géochimique régional en sédiments de ruisseaux du sud-ouest du Burkina Faso. Objectif : cerner les zones favorables à des minéralisations permettant de cibler des programmes d'exploration futurs.
29 août 2017
Prélèvement de sédiments dans le secteur de Sidéradougou

Prélèvement de sédiments fins de ruisseaux dans le secteur de Sidéradougou en décembre 2015. 

© BRGM - J.-F. Labbé 

Site de réception et de vérification des échantillons livrés au BUMIGEB à Bobo-Dioulasso.

Site de réception et de vérification des échantillons livrés au BUMIGEB à Bobo-Dioulasso. 

© BRGM - J.-F. Labbé 

Afin de pérenniser son activité minière, secteur clé de son développement économique, le Burkina Faso a obtenu en 2011 un financement de la Banque mondiale pour la réalisation d’un « Projet d’appui au développement du secteur minier ».  

L'une des composantes de ce programme vise l'amélioration de la disponibilité et de la promotion de l'information géoscientifique. Le Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), qui en assure la responsabilité, a retenu le BRGM pour l'un des volets techniques, à savoir une campagne de levés géochimiques en sédiments de ruisseaux, intégrant un transfert de compétences aux géologues du pays.

Le projet prévoyait un échantillonnage à raison d'environ un échantillon pour 10 km2 sur une superficie de 36 875 km2 couvrant les régions administratives du Sud-Ouest (Gaoua) et des Cascades (Banfora), ainsi que la frange sud des Hauts-Bassins (Bobo-Dioulasso).  

2 950 échantillons ont finalement été prélevés, en excluant de nos investigations les zones urbaines et les grandes plaines marécageuses.

La méthodologie de cette géochimie régionale consistait à prélever des échantillons de quelques kilogrammes de sédiments fins (boues) dans le lit des ruisseaux en un point de collecte représentatif du bassin versant sur chaque secteur. Ces sédiments, issus du ruissellement depuis les collines environnantes, intéressent les géologues car ils peuvent recéler des teneurs anormalement élevées en certains métaux, révélatrices de concentrations géologiques et donc d'éventuels gisements.

 Carte de répartition des teneurs en lithium

Carte de répartition des teneurs en lithium dans les sédiments de ruisseau. 

© BRGM 

200 anomalies identifiées  

La campagne de terrain s'est déroulée d'octobre 2015 à février 2016. Les échantillons étaient d'abord envoyés au laboratoire du BUMIGEB à Bobo-Dioulasso pour séchage, démottage puis tamisage. Puis la fraction fine et sèche a été analysée par le laboratoire d'ALS-Minerals-Geochemistry en Irlande, pour la recherche de présence d'or et de 48 autres éléments (dont tous les métaux usuels) par spectrométrie de masse ICP-MS. Le traitement puis l'interprétation des résultats ont été réalisés en mai-juin 2016 et un atelier technique de restitution s'est tenu à Ouagadougou le 18 août 2016.

Au final, plus de 200 anomalies géochimiques ont pu être identifiées, et parmi celles-ci 76 ont retenu l'attention du fait de leur intensité, leur signature et leur contexte litho-géochimique. 56 concernent l'or et les 20 autres des substances variées comme le zinc, le tungstène, l'étain, le lithium, les terres rares…

L'interprétation des résultats a montré une remarquable efficacité de la méthodologie mise en œuvre pour un balayage rapide (4 mois de terrain) et relativement exhaustif d'une vaste zone.   

Les travaux ont permis de caractériser de grands ensembles litho-géochimiques, mais également de définir et de cerner des zones de minéralisations potentielles. Divers types de cartographie en ont résulté, cartes litho-géochimiques, cartes d'anomalies géochimiques, cartes de répartition des teneurs en or, en antimoine, en nickel, en lithium… qui doivent permettre de cibler des programmes d'exploration détaillés susceptibles de mettre en évidence des gisements économiques.