Le BRGM contribue au dialogue science-société. A cette fin, il organise des réunions d'échanges en régions. En Guadeloupe, une réunion a eu lieu le 20 décembre 2017 à Trois-Rivières. 

En tant qu'établissement public de recherche et d'expertise, le BRGM contribue au dialogue science-société dans ses différents domaines d’activités. 

Des réunions de dialogue en régions avec les représentants des organisations non gouvernementales environnementales 

Les représentants du BRGM en régions organisent des réunions de dialogue avec les représentants du monde associatif sur des problématiques régionales liées à l'environnement dans les domaines d’expertise du BRGM qui ont déjà fait l’objet de publications. 

Ces réunions permettent d'établir un dialogue ouvert et constructif. Elles favorisent la mise en commun des savoirs, des "non-savoirs" et l’expression des attentes et des questionnements de chacune des parties, dans le respect d’une déontologie qui garantit la transparence et la confiance dans les échanges tout en préservant l’indépendance de jugement des uns et des autres. 

Résumé de la réunion du 20 décembre 2017 à Trois-Rivières 

Sujet abordé 

Qualité des eaux souterraines de l’archipel Guadeloupe 

Date et lieu 

Mercredi 20 décembre 2017, Sentier de la Grande Pointe (97114 Trois-Rivières). 

Programme 

Marche le long du sentier de la Grande Pointe, au croisement des eaux souterraines, superficielles et marines : 

  • Description du contexte géologique régional et local ; 
  • État des lieux de la qualité des eaux souterraines de Guadeloupe et des pressions s’exerçant sur cette ressource ; 
  • Présentation d’une méthode de mesure in situ des paramètres physico-chimiques des eaux ; 
  • Sensibilisation aux intérêts de la préservation des zones humides ; 
  • Arrêt au droit d’une source avec un pétroglyphe "la femme qui accouche dans l’eau" et discussion autour des enjeux pour la gestion et la préservation de la ressource en eau de Guadeloupe ; 
  • Présentation de l’impact du changement climatique sur le territoire guadeloupéen et plus particulièrement sur la ressource en eau souterraine ; 
  • Débat ouvert après le repas. 

Participants 

16 participants représentant les organismes suivants : 

  • Syndicat Guadeloupéen des Accompagnateurs en Montagne ; 
  • Agriculteur ; 
  • Ilot Rando ; 
  • Évasion Nautique Mornalienne ; 
  • Amicale des Anciens de Capesterre Nord ; 
  • Vert-Intense ; 
  • Tanbou Rando ; 
  • Guad Amba Bwa ; 
  • Association des forêts privées de Guadeloupe ; 
  • Moose’Art. 

Points d'attention, attentes et questionnements des participants, discussions 

Les attentes principales étaient de mieux comprendre les problématiques liées à la ressource en eau sur le territoire et de comprendre le rôle des différents organismes participant à sa gestion. 

Le sujet de l’eau apparait particulièrement sensible en Guadeloupe (qualité des eaux de nappes parfois médiocre, fréquentes perturbations dans le réseau de distribution d’eau potable) et soulève beaucoup de questions. 

Les débats ont été particulièrement riches et ont constitué une occasion d’éclairer les participants au sujet de la qualité des eaux du souterraines du territoire, thème fédérateur de la journée. 

Les attentes de la société apparaissent très fortes en ce qui concerne la problématique de la pollution de l’environnement à la chlordécone (désir de transparence des politiques publiques), l’utilisation des eaux de pluie pour les usages domestiques, mais aussi la gouvernance de l’eau au sens large. 

La consommation d’eau de pluie constitue-t-elle une bonne alternative aux coupures d’eau ? 

C’est la solution que préconise la Communauté d'agglomération Grand Sud Caraïbe. Les citernes d’eau de pluie peuvent être installées rapidement et le climat Guadeloupéen est favorable en terme de recharge. Néanmoins, nous avons mis un bémol sur cette solution, en particulier pour la consommation (boisson, cuisine), en raison de la possible contamination de l’eau durant son parcours jusqu’au réservoir. Enfin, il a été rappelé la nécessité de s’assurer de la parfaite étanchéité des cuves pour empêcher la prolifération des larves des moustiques responsables de la dengue, du chikungunya et du zika. 

Quelle est la qualité des nappes à l’échelle du territoire ? 

La surveillance réalisée par le BRGM pour le compte de l’Office de l’eau montre que les eaux souterraines sont globalement de bonne qualité à l’échelle de l’archipel. Toutefois, les pesticides restent la principale cause de dégradations des eaux, en particulier dans les zones agricoles. Une attention particulière est aussi portée sur les paramètres indicateurs d’intrusions salines (impact du pompage excessif en nappe dans les zones vulnérables proches du littoral). Le problème majeur reste celui de la contamination généralisée de l’environnement du sud Basse-Terre par les pesticides organochlorés. Historiquement utilisés dans les bananeraies, ces produits aujourd’hui interdits d’utilisation persistent dans la nature en raison de leur faible biodégradabilité. 

Quelles sont les raisons expliquant les coupures d’eau à répétition en Guadeloupe alors que la ressource parait abondante ? 

Le problème de base ne vient pas du manque de ressource, même si certaines rivières peuvent être temporairement asséchées. La problématique, plutôt structurelle, est celle de la vétusté des réseaux d’adduction (l’estimation de 60% de pertes via des fuites est couramment citée). Un plan d’action, dit plan Eau DOM, est actuellement en cours pour tenter de l’améliorer. 

Les données sur la contamination des sols et des eaux à la chlordécone sont-elles disponibles et si oui, comment y accéder ? 

Actuellement une grande partie des données sur la qualité des eaux souterraines est mise à la disposition du public via le portail ADES. Celles concernant les eaux de surface doivent être demandées auprès de l’Office de l’eau Guadeloupe. Les données sur les sols restent en revanche partiellement accessibles (cartes disponibles à l’échelle régionales mais non à l’échelle cadastrale) mais des discussions sont en cours pour les rendre publiques en intégralité. 

Les carrières illégales de Tuf en Grande-Terre ont-elles un impact sur la nappe ? 

Cette problématique n’a pas été étudiée par le BRGM. On peut néanmoins supposer que l’extraction non contrôlée de granulats constitue une potentielle source de pollution et vient impacter la recharge de la nappe. Ces explications sont fournies « à dire d’experts », seule une étude approfondie pourrait permettre d’évaluer concrètement les risques pour la ressource de Grande-Terre.